C'est une sensation qu'on a tous ressentie à un moment ou à un autre : on est en centre-ville, on sort de chez soi, on arrive sur une place par exemple et on a l'impression de gagner dix degrés de plus. Comment ça s'explique ?
"On rentre dans une sorte de dôme de chaleur dès qu'il fait un peu chaud"
"On a des villes qui sont des villes inadaptées, des villes beaucoup trop chaudes, qui sont adaptées au climat qui n'est pas aujourd'hui le nôtre. Et donc, pour faire simple, on rentre dans une sorte de dôme de chaleur dès qu'il fait un peu chaud, avec des sols qui captent la chaleur et la restituent, notamment pendant les nuits tropicales. Des lieux qui sont insuffisamment végétalisés, des villes qui sont peu ventilées parce qu'on a beaucoup construit, notamment des tours. Et donc aujourd'hui, quand il fait chaud, et ce sera le cas de plus en plus fréquemment, vous avez cette captation de la chaleur qui ne ressort pas", a expliqué Maud Lelièvre, conseillère MoDem de Paris, présidente de l’Union internationale pour la conservation de la nature et auteure de Faire face à la canicule (Éditions Desclée de Brouwer).
"Aujourd'hui, c'est une inversion de tendance qui est nécessaire"
Est-ce que toutes les villes doivent faire face au même défi ? "Oui, aujourd'hui, notamment en Europe, où on a une augmentation très forte des températures. On a aujourd'hui une grande partie des villes qui sont inadaptées, en tout cas un certain nombre de facteurs communs convergents. D'abord une forte densité. Et puis des intégrations de poumons verts, de végétalisation, qui ont été pensées après et pas avant l'aménagement. Aujourd'hui, c'est une inversion de tendance qui est nécessaire. Évidemment, il y a des exemples, peut-être un peu plus en avance que ce que sont les exemples français. Notamment en Espagne, où les villes souffrent de la chaleur depuis très longtemps. C'est le cas de Madrid, de Séville, qui ont adapté leur urbanisme, aménagement et végétalisation. C'est également le cas de Berlin. Donc effectivement, les villes ont les mêmes contraintes, mais parfois les aménagements vont plus vite", a répondu Maud Lelièvre.
"À Marseille, depuis l'après-guerre, on a perdu 50% de notre patrimoine arboré"
Marseille se prépare-t-elle à des vagues de chaleur de plus en plus fréquentes? "Effectivement, Marseille doit anticiper le fait qu'on aura des épisodes climatiques extrêmes. Et donc des pics de chaleur de plus en plus fréquents. Et puis après, on parle aussi d'une ville qui a été extrêmement minéralisée. C'est une ville où, depuis l'après-guerre, on a perdu 50% de notre patrimoine arboré. C'est une ville qui était plutôt arborée, il y avait des arbres sur l'ensemble des rues. Et donc on repart de très, très loin. On est en train de reconstruire la ville qui était la ville d'avant. Avec des bâtiments qui étaient plutôt bien ventilés, avec des appartements traversants, qui ont été complètement redécoupés. Et donc, il faut retrouver en fait les savoir-faire traditionnels. Et s'inspirer également des pays du Sud pour trouver les bonnes solutions d'adaptation aux bouleversements climatiques", a fait savoir Sébastien Barles, adjoint au maire de Marseille chargé de la transition écologique et de l’Assemblée Citoyenne du Futur.
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