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Nadia Remadna : "Des élus ont flirté avec les salafistes par intérêt électoral"

Par Mathieu D'Hondt

Nadia Remadna (Militante anti-radicalisation et fondatrice de l'association "Brigade des mères") était ce mercredi l'invitée d'André Bercoff sur Sud Radio.

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Invitée ce mercredi d'André Bercoff, Nadia Remadna (Militante anti-radicalisation et fondatrice de l'association "Brigade des mères") est revenue sur l'épisode du fameux reportage au Jockey Club, auquel elle avait participé en décembre 2016. Les images, tournées en caméra cachée dans un café de Sevran et qui mettaient en lumière l'absence totale de mixité dans l'établissement, avait fait couler beaucoup d'encre, faisant même par la suite l'objet d'une contre-enquête du Bondy Blog.

"C'est une réalité, on a bien été virées du café de Sevran"

Travailleuse sociale depuis 25 ans dans la ville de Sevran, Nadia Remadna nous a ainsi raconté sa version des faits. "Nous sommes allées dans ce café parce que l'on voulait faire un reportage concernant l'espace public par rapport aux femmes. Comme on a l'habitude de faire nos réunions dans des cafés à Paris, on s'est dit : 'pourquoi pas le faire à Sevran ?' parce que je suis Sevranaise. Et malheureusement, il s'est passé ce qu'il s'est passé. Je ne pensais pas qu'ils allaient nous virer", a-t-elle d'abord rappelé, avant d'apporter davantage de précisions. "Juste avant de rentrer dans le café, on est interpellées par certains des hommes qui nous disent : 'qu'est-ce que vous faites là ?' Je réponds que l'on attend quelqu'un et ils me demandent si c'est une femme ou un homme. Je dis que c'est un homme et ils me disent qu'il faut l'attendre dehors", a-t-elle ensuite expliqué. "Il n'y avait effectivement que des hommes quand on y était et, malheureusement, ça a fait une polémique pas possible. Mais à la base, je m'en fous de la polémique parce que c'est une réalité, on a bien été virées du café", a-t-elle affirmé.

"Quand on négocie avec les 'grands frères' ou les salafistes, il y a un problème"

Revenant ensuite sur les critiques de ses détracteurs qui l'accusent d'avoir grossi le trait, Nadia Remadna a affirmé qu'il s'agissait d'attaques auxquelles elle avait l'habitude d'être confrontée dans son combat. "Tout le monde est dans un déni, particulièrement une élite politique très à gauche. Il ne faut pas oublier qu'on a été agressés et menacés de mort par rapport à ça", a-t-elle notamment affirmé.

Et l'intéressée d'évoquer par ailleurs le combat qu'elle mène au quotidien au sein de son association "Brigades des mères". "J'ai créé l'association à Sevran en 2014, parce que je me suis rendue compte que les 'grands frères' avaient pris les quartiers, depuis les émeutes de 2005. J'avais l'impression que nous, les femmes, les mères, étions exclues. À chaque fois qu'il y avait une décision à prendre, certains élus de la République faisaient appel aux hommes, à ces 'grands frères'", a-t-elle ainsi expliqué, évoquant, à demi-mot, l'influence des salafistes. "Ce qui me fait peur, c'est que certaines institutions flirtent avec ces gens-là (les salafistes) et leur donnent des postes à responsabilité. Ça devient dangereux ! (...) Il y a une complicité, on va acheter la paix sociale, on va enfermer les gens dans leur culture, la victimisation et aujourd'hui, c'est l'arroseur arrosé. Quand on commence à négocier avec les 'grands frères' ou les salafistes, ça veut dire qu'il y a un problème", a-t-elle ensuite ajouté. "Les élus ont fait ça par intérêt électoral et parce qu'ils pensaient qu'ils allaient gérer. Mais à un moment donné, cela a débordé. Ils ont nourri la bête et la bête s'est transformée en monstre", a-t-elle ainsi conclu.

>> Retrouvez l'intégralité de l'interview disponible en podcast

 

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