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Affaire Benalla : "Cette affaire va marquer une rupture avec beaucoup de Français"

Par Lorraine Redaud

Retour sur une semaine d’affaire Benalla avec le chercheur au CEVIPOF Bruno Cautrès, invité de Sud Radio. 

 

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Bruno Cautrès est chercheur CNRS au CEVIPOF, le centre de recherches politique de Science-Po. Spécialiste des comportements et des attitudes politiques, il a un avis bien tranché sur l’affaire Benalla et ses remous.

"Une tempête dans un verre d’eau" selon Macron ? "Un argument de communication" balaie Bruno Cautrès qui précise : "C’est une phrase que l’on retrouve chez les politiques qui sont dans une telle situation. Ils vont toujours dire que les médias en font trop, qu’il faut regarder les vrais problèmes des Français, que le microcosme parisien et médiatique se chauffe la tête, qu’ils s’excitent avec des problèmes qui n’intéressent pas les Français... ". Un argument bien vite démenti par les sondages et audiences des chaînes parlementaires, qui en temps normal n’explosent pas autant les scores. "Une bonne chose" pour la démocratie selon le chercheur qui voit "une dimension de série télévisée" dans ces auditions devant les commissions parlementaires.

L’opposition qui claque la porte à la commission d’enquête de l’Assemblée Nationale : "C’est le jeu classique de la politique. L’opposition et le parti au pouvoir se renvoient la responsabilité" explique celui qui dénote une certaine dramaturgie dans ces départs. "Maintenant les auditions vont se jouer au Sénat. D’ailleurs, comme beaucoup d’observateurs et d’analystes, j’ai été frappé par la différence de tonalité entre la commission à l’Assemblée Nationale et celle au Sénat. Ce dernier est connu pour sa rondeur, et on a vu des auditions de grande qualité alors qu’à l’Assemblée, on a surtout vu les députés se déchirer notamment la présidente Yaël Braun-Pivet et son co-rapporteur Guillaume Larrivé" renchérit Bruno Cautrès qui pense que la députée Yaël Braun-Pivet devra sans aucun doute s’expliquer sur le déroulé des auditions. Impossible de continuer ces dernières à l’Assemblée Nationale selon lui, persuadé que "les images seront terribles si les auditions se poursuivent uniquement avec des députés LREM".

En ce qui concerne la motion de censure, Bruno Cautrès renvoie à une stratégie politique : "cette motion va obliger le Premier ministre à monter à la tribune de l’Assemblée et à devoir se justifier". Pour lui, l’opposition cherche à obliger le gouvernement à donner des explications devant l’hémicycle.

L’interview de Benalla parue hier dans Le Monde, a, elle, plusieurs lectures selon lui. "Il partage sa vérité mais entre les lignes il nous explique que ce n’est pas lui qui a demandé à participer aux manifestations du 1er mai mais qu’on lui a proposé. Il pointe du doigt des personnes responsables selon lui, des hauts placés en politique et dans la hiérarchie policière. Au fond, ce qu’il nous dit c’est qu’il a grandi les échelons très rapidement, qu’il n’est pas membre du cercle des énarques et des hauts fonctionnaires, et qu’on essaye de lui faire payer tout ça" analyse le chercheur.

Le scandale de la Ve République ? L’affaire Cahuzac ou le Rainbow Warrior étaient plus importants et plus graves pour Bruno Cautrès. Néanmoins selon lui, cette histoire va sans aucun doute marquer un tournant dans le quinquennat d’Emmanuel Macron. "Il va y avoir un effet de rupture avec certains Français qui se disaient que Macron allait tout renouveler, incarner une nouvelle manière de faire de la politique mais au final on est revenus à ce qu’on connaît habituellement avec des histoires classiques de la vie politique".

Enfin, Bruno Cautrès se félicite du travail d’Ariane Chemin, la journaliste du Monde qui a révélé l’affaire Benalla. Pour lui, Emmanuel Macron qui critique la presse affirmant "qu’elle ne cherche pas la vérité", c’est encore des éléments de communication utilisés par une personne en difficulté qui cherche à se dédouaner sur les médias. Le chercheur attend ainsi impatiemment les conséquences de cette affaire, et les annonces qui seront faites à la rentrée, espérant qu’elles miseront à améliorer la démocratie.

>>>> Réécoutez l'interview de Bruno Cautrès

 

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