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Plus d'un millier de migrants évacués à Paris sur le campement du "Millénaire"

Par Jérémy Jeantet (avec AFP)

Plus d'un millier de personnes ont été évacuées, mercredi, du plus gros campement de migrants de Paris.

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Plus d'un millier de personnes ont été évacuées mercredi à l'issue d'une opération de police sur le plus gros campement de migrants à Paris, après des semaines de bras de fer entre le gouvernement et la Ville.

L'évacuation a commencé peu après 6h sur le campement  du "Millénaire", situé le long du canal de Saint-Denis au nord-est de la capitale, et s'est déroulée dans le calme, a constaté une journaliste de l'AFP.

Dans la matinée, des camions bennes de la ville de Paris s'activaient sur les quais pour enlever tentes, sacs de couchages et détritus tandis que les derniers migrants étaient acheminés vers les 24 structures d'accueil, essentiellement des gymnases, mobilisés par les autorités en Île-de-France.

Selon le préfet de région Michel Cadot, 1016 personnes ont été évacuées, dont 11 mineurs, un décompte inférieur aux précédentes estimations qui faisaient état de 1600 à 2000 migrants présents sur ce campement proche du centre commercial "Le Millénaire". 

Cette évacuation, la 35e organisée dans la capitale depuis trois ans, "conduira à l'hébergement temporaire des personnes concernées (...) puis à l'examen de la situation administrative de ces personnes", a déclaré dans un communiqué le ministre de l'Intérieur Gérard Collomb, dont le projet de loi durcissant l'asile et l'immigration en France doit être adopté pendant l'été.

Originaires essentiellement du Soudan, de Somalie et d'Érythrée, ces migrants étaient installés depuis plusieurs mois dans des conditions de grande précarité dans des tentes serrées le long du canal, sous le périphérique parisien, près de la porte de la Villette. 

Ibrahim, Soudanais, patientait avec ses camarades. "On attend, on attend tout le temps ici", se lamente-t-il. "On ne sait pas si on pourra rester en France. Moi je veux rester en France, je sais que je peux faire ma vie ici", dit-il.

"Évacuation tardive"

L'annonce de opération, menée conjointement par la préfecture de région, la Ville de Paris, la préfecture de police et des associations, avait fuité dès mardi, conduisant certains migrants à quitter précipitamment les lieux.

"Beaucoup de gens sont partis depuis hier (mardi), certains ont eu peur", raconte Martine, une bénévole qui a passé la nuit sur le campement. "On ne sait pas ce qui va se passer après, on craint (...) surtout une reprise de la chasse à l'homme qu'on avait vue il y a six mois pour empêcher les gens de replanter leur tente".

Les autorités ont également annoncé mercredi l'évacuation "dès que possible" des deux autres gros campements installés dans le nord-est de Paris, où vivent au total quelque 800 personnes : le long du canal Saint-Martin et porte de la Chapelle.

Les tensions autour des migrants s'étaient récemment intensifiées après la mort par noyade d'un homme en mai près du campement du canal Saint-Martin et une violente rixe qui a fait un blessé grave au "Millénaire". Après ces incidents, M. Collomb avait annoncé l'évacuation des campements parisiens à "bref délai".

Présente mercredi sur le campement du "Millénaire", la maire PS de Paris, Anne Hidalgo, a demandé au gouvernement de "reconstruire" un centre d'accueil pour migrants dans la capitale, assurant qu'il s'agissait de la "seule solution" pour éviter "de nouveaux campements de rue".

"Paris a pris sa part et si tout le monde est raisonnable, responsable, nous devons ouvrir un lieu d'accueil permettant d'éviter à ces gens d'être dans la rue", a-t-elle dit.

Un centre de premier accueil, situé dans le nord de Paris, à la porte de la Chapelle, servait de "sas" aux migrants depuis novembre 2016 mais il a été fermé début mai pour laisser place à une future université.

Pointé du doigt par la Mairie, le gouvernement avait, lui, plusieurs fois reproché à la municipalité de ne pas avoir pris la "responsabilité politique" de demander une évacuation. 

"L'État prend ses responsabilités en évacuant ce matin le campement du XIXe arrondissement Paris", a assuré le porte-parole du gouvernement Benjamin Griveaux, dans un tweet. 

"Les services de la préfecture de police seront pleinement mobilisés pour lutter contre la réinstallation des campements", a promis M. Collomb dans son communiqué.

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