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Pagaille après des chutes de neiges : la faute à qui ?

La pagaille en Île-de-France, les naufragés de la route, les kilomètres de bouchons, les transports en commun paralysés : on a l’impression de revivre à chaque fois les mêmes polémiques. La faute à qui ?

La neige a causé de sérieuses perturbations sur les routes (©SAMUEL BOIVIN - AFP)

Ça semble évident, mais il est tout de même nécessaire de le rappeler : les comparaisons avec les autres pays, qui, eux, géreraient les choses tellement mieux, sont parfaitement idiotes. Naturellement qu’à Moscou, 45 centimètres de neige ne paralysent pas la ville : il y a de la neige tous les ans. C’est un phénomène habituel auquel tout le monde est préparé. Il suffit de voir les conducteurs français s’élancer dans des côtes verglacées sans même de pneus hiver pour comprendre que l’anticipation n’est pas vraiment le fort des conducteurs français. Quant à la densité de population, elle est bien plus importante en Île-de-France que dans de nombreuses capitales européennes. Donc, on peut réclamer ce qu’on veut de l’État, mais on ne fera pas en sorte par miracle que les Français aient les bons réflexes, comme celui de tenir compte des alertes météo. Cela dit, on ne peut pas demander à l’État d’investir dans des équipements pour un épisode neigeux tous les cinq ans, mais on peut tout de même réclamer un tout petit peu de cohérence et de communication.

Techniquement, on s’aperçoit que dans les autres pays européens comparables, comme le Royaume-Uni, il y a une seule entité décisionnaire, une entité censée communiquer pour prévenir les usagers à l’avance et les inciter à ne pas prendre la voiture ce jour-là. Chez nous, on empile le préfet de région, le préfet de police, les régies de transport, les présidents de conseils généraux… Et chacun va tout faire pour prouver que ce sont les autres qui ont raté. Et puis, on reste pantois devant l’incapacité chronique de la SNCF à tout simplement informer ses usagers. Le site Internet de la RATP en rade, l’application SNCF incapable de fournir des informations qu’elle n’a pas puisqu’elle est externalisée… C’est ahurissant. Mais encore une fois, la mise en cause systématique des services de l’État masque une forme d’angoisse collective devant le constat soudain de notre dépendance absolue.

Notre dépendance à la technique en général, notre dépendance à la mobilité sous sa forme moderne. Il est toujours fascinant de voir un pays paralysé par le rappel à la réalité sous la forme d’une nature non maîtrisée. L’idée de l’impondérable nous est devenue insupportable, nous qui croyons que même Google va vaincre la mort. Le fantasme de toute-puissance de l’individu moderne ne nous aide pas à prévoir.

Réécoutez en podcast l'édito de Natacha Polony dans le Grand Matin Sud Radio

 

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