Le 16 octobre 1984, le corps sans vie de Grégory Villemin, quatre ans, est retrouvé pieds et poings liés dans la Vologne, une rivière des Vosges. L’enquête s’oriente très tôt vers l’entourage familial, dans un contexte de rancunes et de jalousies. Les lettres et appels anonymes d’un mystérieux « corbeau » menaçant les parents sèment la confusion et la peur. Malgré des décennies d’investigations, de multiples mises en examen et des rebondissements judiciaires, le crime n’a jamais été élucidé. Mais la donne pourrait changer dès vendredi avec l’audition de Jacqueline Jacob à la cour d’appel de Dijon.
Un témoignage posthume qui change tout
Un nouvel élément a permis la réouverture du dossier : un témoignage posthume. René Jacob, beau-frère de Jacqueline, affirmait avoir reconnu sa voix et surtout son rire sur un enregistrement du corbeau. Ces déclarations, désormais versées au dossier, ont été jugées « suffisamment troublantes » par la chambre de l’instruction de Dijon dans un arrêt daté du 18 juin 2025. Il a également conduit les magistrats à ordonner un supplément d’information et à convoquer Jacqueline Jacob pour être auditionnée. À l’issue de cette audition, elle pourrait être mise en examen pour “association de malfaiteurs criminelle”.
Jacques Pradel et le petit Grégory
— Sud Radio (@SudRadio) February 28, 2024
"Dans l'affaire Grégory s'il y avait l'espoir de faire de nouvelles analyses, encore faudrait-il que les scellés aient été bien conservés... C'est une affaire qui nous fait faire une énorme marche arrière"https://t.co/J5kFnJdehX pic.twitter.com/ee23vUVeoi
Les soupçons déjà tournés vers Jacqueline Jacob en 2017
Âgée aujourd’hui de 81 ans, Jacqueline Jacob, grande-tante de Grégory, a déjà été mise en examen en 2017 pour « enlèvement et séquestration suivie de mort ». Mais la procédure a finalement été annulée pour vice de forme. À l’époque, elle avait été brièvement placée en détention provisoire, niant toute implication dans la disparition de l’enfant.
Mais les soupçons n’ont jamais totalement disparu. Des expertises graphologiques puis stylométriques (basées sur l’analyse linguistique des écrits) ont attribué à Jacqueline Jacob plusieurs lettres anonymes envoyées à la famille Villemin en 1983 et 1984. Parmi elles, un texte menaçant et une autre, le jour même du meurtre, revendiquant l’assassinat de l’enfant. Ces nouvelles analyses, réalisées en 2021 et 2023, ont relancé la procédure judiciaire.
Des coïncidences et des expertises troublantes
Outre les lettres, d’autres éléments intriguent les enquêteurs. Les périodes d’arrêt maladie de Jacqueline Jacob coïncideraient avec plusieurs vagues d’envois de courriers anonymes. Ces correspondances étaient souvent rédigées sur le même ton, mêlant rancune et menaces directes à l’encontre des Villemin.
L’ensemble de ces éléments, combinés au témoignage posthume, constitue la base du nouveau dossier d’instruction. Pour les juges, il s’agit de vérifier si Jacqueline Jacob a pu participer à un éventuel complot familial autour de la disparition du petit garçon. Si la justice décide d’une mise en examen, ce serait la première fois depuis 2017 qu’un membre de la famille Villemin est à nouveau directement mis en cause.