Ce qui est sûr, c'est que cette fois, la montagne ne peut plus accoucher d'une souris. La pression est trop forte sur Emmanuel Macron qui doit enrayer la chute de sa côte de popularité provoquée tout à la fois par : l'onde des deux chocs politiques consécutifs des départs de Nicolas Hulot puis de Gérard Collomb, par l'affaire Benalla et par son style de gouvernance autoritaire et parfois cassantes (ses petites phrases notamment qui ont désorienté une partie de ses soutiens). Le Président a laissé s'accumuler tout cela, quasiment sans bouger politiquement depuis des mois, en faisant le gros dos sous l'orage. Fidèle à son désir de rester maître de lui-même et de ses décisions, il est néanmoins attendu au tournant par tout le monde.
Le problème, c'est qu'Emmanuel Macron n'a pas tellement de cartes en main pour rebondir. Il avait très vite réglé le cas Hulot en remplaçant notre écolo médiatique national par un écolo politique nommé François de Rugy. Mais là, pour la Place Beauveau, le Président prend son temps... Car, finalement, ce départ de Gérard Collomb (pour cause de municipales) va peut-être lui fournir une belle occasion de rebondir en rafraîchissant son équipe. Si le Premier Ministre démissionne donc aujourd'hui (comme on le pressent), ce sera de pure forme. Il y aura un gouvernement Edouard Philippe II. il sera renommé à Matignon avec nouvelle "team Macron", 2ème séquence du quinquennat pour faire oublier les défections et pour relancer la machine... Ce que Richard Ferrand, le président de l'Assemblée Nationale (militant en marche de la 1ère heure) a appelé le nouveau souffle !
Un remaniement peut-il suffire ? Non. Mais la refonte du gouvernement pour donner le sentiment d'un renouveau politique, d'un nouveau départ, ça reste une des pièces maîtresses de l'arsenal présidentiel. Un des boucliers inventés par la Constitution de la Vè République (dont on vient de fêter les 60 ans) et qui reste encore très efficace, et ce, malgré la réforme du quinquennat qui a raccourci le mandat du chef de l'État et accéléré le temps politique. Mais même si il y a remaniement, une véritable et large reconfiguration du gouvernement, les Français qui sont devenus sceptiques à l'égard du Président ne s'en contenteront pas. Ils attendent plus, ils attendent autre chose. Et c'est une condition sinequanone, je crois : le public attend des explications et sans doute une forme de confession franche et directe d'Emmanuel Macron sur ses errements récents. Il a choisi de le faire à la radio : peut-être sur Sud Radio qui sait ? Sans doute a-t-il raison de choisir un média qui privilégie les mots, le sens, à la forme...
Une autre question qui se pose : Macron peut-il encore nous surprendre ? Il aurait bien aimé que tout cela se fasse sans surprise, que ce soit lui qui en décide, et qu'il ne soit pas obligé d'agir sous la pression. Mais je vous le répète, je crois que cette fois, s'il veut une vraie saison , brillante et dynamique, et retrouver son lustre du début de mandat, Emmanuel Macron doit montrer qu'il n'est pas seul, qu'il respecte - par exemple - les élus des régions et qu'il a entendu les critiques. Réponse demain !