Il faut avoir en tête le droit maritime pour aborder la question. Un navigateur, un capitaine de bateau est obligé de se détourner et de porter secours à des personnes en difficulté et ceci sur toutes les mers du globe. Les passeurs profitent de cette charité des gens de mer. Et les ONG au nom de ce principe font de l’humanitaire. Christophe Castaner s’est bien gardé de faire le procès de toutes les ONG. Il a dit : « des ONG ont pu être complices de passeurs » comme si c’était du passé et comme si c’était ponctuel. Pourtant ce n’est pas la première fois que les ONG sont mises en cause. En juillet 2018 l’agence européenne de garde frontière et de garde cote a dénoncé des collusions. Des contacts téléphoniques entre les ONG et des passeurs pour diriger les flux de migrants vers des secteurs maritimes moins contrôlés. En Italie dès sa prise de pouvoir Matteo Salvini a soutenu les mêmes accusations. Des propos repris donc par notre ministre de l’intérieur. En fait nous assistons à une redéfinition de l’action internationale. En mai 2017 l’Italie a conclu un accord avec la Libye, le Niger et le Tchad. Interdiction aux ONG de secourir les migrants dans les eaux contrôlées par les gardes cotes libyens formés par les italiens. La mesure a été très efficace. Le taux de migrants qui s’acheminaient en Europe par l’Italie a chuté de 85% en un an.
Donc le travail des ONG suscite un appel d’air, des collusions ont pu exister et les humanitaires l’assument pour sauver des vies.
C’est exactement cela. Les ONG dénoncent les catastrophes humanitaires. 14 000 morts en mer entre 2014 et 2017. Elles estiment que la fermeture des frontières fait le jeu des passeurs. Elles rappellent le nombre de vies sauvées… Des dizaines de milliers lors de leurs interventions. Hier Nathalie Loiseau la tête de liste de la République en Marche pour les Européennes a résumé toutes les ambigüités. « Les ONG sont sincères dans leur démarche d’aller sauver des gens. Les passeurs en profitent ». Qui l’emporte de la morale ou du politique ? Si le débat est arbitré par l’opinion publique, il ne va pas dans le sens des ONG…Il faudrait évidemment une coopération européenne pour aider les migrants africains à bien vivre chez eux.