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L'hôpital est bien malade

Henri Guaino évoque aujourd'hui la situation des hôpitaux publics.

L'hôpital est malade et c'est à son chevet que vont se rendre aujourd'hui ministre de la Santé et le Premier ministre. L'hôpital est malade depuis bien longtemps et le secteur est dans un état de crise bien profonde.

Il y a une première raison qui relève des 35 heures qui étaient faites pour créer des emplois dans le secteur privé et pour partager le travail. Il se trouve qu'à l'hôpital, on a mis les 35h en place mais on a réduit, en même temps, les effectifs. Sachant qu'en plus, on ne paye pratiquement jamais les heures supplémentaires. Donc, il y a une vraie pénurie de personnels et il est difficile pour ceux qui travaillent à l'hôpital de s'acquitter de leur tâche. Ils sont épuisés et la tension est trop forte.

Il y a un deuxième problème qui est plus général : celui du rationnement comptable qui s'applique avec plus ou moins de bonheur selon les secteurs, mais qui dans le domaine de la santé pose un problème majeur. On dit souvent que la santé n'a pas de prix mais qu'elle a un coût. Je pense qu'il faut s'arrêter au fait qu'elle n'a pas de prix dans notre société. Quand quelqu'un est malade, on doit tout faire pour le soigner et il est moralement insupportable et totalement contraire aux valeurs de notre société et de notre civilisation d'appliquer un calcul coût-avantages à quelqu'un qui est malade. Le problème que nous avons est celui de la politique de santé publique. La comptabilité n'est pas compatible avec la santé publique. La seule chose que l'on peut envisager de faire sérieusement, c'est de regarder, suivre analyser et mesurer la qualité de soins. Ce n'est pas ce que l'on a fait jusqu'à présent. D'abord, on a fermé les hôpitaux de proximité, en prétextant qu'ils n'étaient pas aux normes mais c'était en réalité pour faire des économies. Et après, on s'étonne de voir exploser les transports médiaux par exemple. On a instauré une tarification particulière qui s'appelle la tarification à l'activité qui fait que plus on fait d'actes à l'hôpital, plus on a de crédits et plus on peut investir. On peut ajouter à cela le fait que mesurer les comptes de l'hôpital ne résulte que des conventions qui guident les établissements... Il faudrait peut-être s'occuper davantage du malade et davantage du soignant. Nous avons de manière générale dans l'hôpital un problème humain.

Est-ce que le gouvernement va partir de ce constat ? La santé de chacun n' a pas de prix même si le gestionnaire est bien sûr soumis à des contraintes budgétaires. La santé est un domaine où le comptable est extrêmement dangereux. Si on supprimait par exemple l'assurance maladie pour que les gens soient beaucoup plus restrictifs sur leur demande de soin, le pays ne serait pas plus riche. Il serait en effet plus pauvre parce qu'un pays dont la santé des citoyens se dégrade est beaucoup moins compétitif et beaucoup moins productif. Une meilleure santé, c'est un gage d'une meilleure économie.

>> L'intégralité de la chronique est disponible en podcast

 

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