Ils sont inquiétants, très inquiétants, notamment pour les cadres. Parce que depuis l’échec des négociations à la mi-février entre les partenaires sociaux, le gouvernement a repris la main, et travaille sur deux pistes : soit l’instauration d’un système dégressif, remettant donc le principe actuel de la prestation inchangée pendant la durée de l’indemnisation. En clair, l’indemnité chômage pourrait baisser au fil des mois. Ou alors, le gouvernement pourrait choisir d’abaisser le plafond. Vous savez qu’actuellement, les prestations chômage sont limitées à 4 fois le montant du plafond de la Sécurité sociale, soit 7.700 euros bruts par mois. Eh bien, l’idée pourrait être d’abaisser ce seuil à non plus 4 fois le plafond de la Sécu, mais 3 fois ou 2 fois et demi…
Aussi bizarre que cela puisse paraître, dans ce cas, mettre à contribution les plus favorisés, c’est une mauvaise idée et ce pour une cascade de raisons. Primo, les cadres ont déjà été les victimes d’une mauvaise loi, plafonnant les indemnités de licenciement. Une très mauvaise loi, soit dit en passant qui contrevient à la jurisprudence européenne, et qui n’est donc pas prise en compte par les prud’hommes. Alors, rajouter à cette loi une réforme baissant les prestations chômage pour les cadres, cela fait tout de même beaucoup, contre les cadres. Et puis deuzio, cette baisse des prestations serait une remise en cause du statut même des prestations chômage, qui ne sont pas une aumône de l’Etat, mais qui constituent un salaire différé.
Et cela change tout ! Car si une cotisation chômage est une partie du salaire que l’on met de côté quand tout va bien, il est logique, quand tout va mal, que les cadres, qui cotisent beaucoup, soient aussi mieux indemnisés que les autres. Sinon, cela constituerait un très grave précédent. Et la baisse des prestations chômage pour les cadres pourrait préfigurer une baisse pour tous les chômeurs. C’est, en somme, le principe même de l’assurance chômage, qui pourrait volet en éclat. Avec, en bout de cours, l’étatisation de ce régime d’assurance chômage. C’est à dire la fin d’un régime paritaire… et solidaire.