C’est important sur le plan symbolique. Et c’est pour se défaire de son image de Président des riches qu’Emmanuel Macron a demandé ça, mais sur le plan concret ça va concerner peut-être 5 personnes, voire 10 en comptant large si on se tient au projet de Bercy. Seraient taxés les dirigeants des entreprises réalisant plus d’un milliard d’euros de chiffre d’affaires et étant domiciliés hors de France. Alors c’est simple, il y a 300 entreprises qui dépassent le milliard et comme plus rien n’est secret on sait que le patron de Schneider – qui vit à Hong Kong – et l’un des dirigeants de Kering – qui vit à Londres – seraient concernés. Vous allez me dire : et Patrick Drahi, le patron de SFR qui vit en Suisse ? Le problème c’est que son groupe est hollandais et non pas français. Donc en résumé pour l’instant on connait deux ou trois personnes qui seraient concernés par ce texte. Et dans notre pays qui croule déjà sous les lois et les décrets on va faire voter au député un texte pour une poignée de dirigeants.
Mais c’est le symbole qui compte. Je sais bien que tout repose là-dessus. Car pas un seul gilet jaune n’a demandé cette mesure, ni personne dans les grands débats en régions. Le problème que nos technocrates ont oublié, c’est que la France a établi au fil du temps des conventions fiscales avec beaucoup de pays, et notamment ceux où sont installés en général les grands patrons. Or qu’est ce que c’est qu’une convention fiscale ? C’est un texte de réciprocité qui a la valeur juridique d’un traité international. Et il n’y a pas besoin d’être énarque pour savoir qu’un traité a plus de valeur qu’une loi ou qu’un décret. Ce qui veut dire que même si ce texte est voté, sans doute en juin, il ne pourra jamais s’appliquer puisque les grands patrons resteront couverts par les conventions fiscales.
C’est un très bon exemple qui montre de quoi meurt la France : de textes que l’on vote, qui sont faits pour pointer du doigt une dizaine de personnes, et qui ne sont pas applicables. C’est Ubu qui gouverne…