C’est un chiffre assez pathétique, qui montre que si la crise financière a été surmontée, si nos économies ne se portent pas trop mal, et si la planète vit globalement en paix, les Français sont inquiets.
Surtout, ils pensent que leurs enfants vivront dans des conditions plus difficiles qu’eux. C’est un changement d’état d’esprit colossal. Jusqu’ici, grâce au progrès technique, à la croissance économique et à l’ascenseur social, les Français n’avaient pas de crainte pour leurs enfants. Ils pensaient même qu’ils auraient de meilleurs jobs et un meilleur cadre de vie. Tout cela, c’est terminé. Et cela explique bien des choses sur notre comportement.
Par exemple, les français sont les rois de l’épargne. Nous sommes des fourmis. Globalement, les Français mettent chaque mois de côté 15 à 17 % de leur revenu disponible. Ne croyez pas que c’est parce qu’ils sont trop bien payés. Non. Ils le font car ils ont peur que leur retraite ne leur permette pas de vivre. Nouveau signe de pessimisme. Et parce qu’ils ont peur du chômage. On a parlé la semaine dernière du Plan Pauvreté. Savez-vous qu’un Français sur deux a peur de se retrouver un jour sans domicile fixe. Ce sont donc toutes ces peurs qui s’accumulent et qui créent ce climat anxiogène.
Une chose est certaine, c’est en France où les habitants sont les plus pessimistes pour l’avenir de leur progéniture. Mais comme ce sondage a été réalisé dans 27 pays on s’aperçoit que c’est dans les pays les plus développés que les craintes sont les plus élevées.
Après la France qui bat tous les records avec ce taux de 80 %, il y a les Japonais et les Espagnols. En revanche, dans les pays peu développés ils ne sont en moyenne que 42 %, soit deux fois moins, à avoir peur de ce que l’avenir nous réserve. C’est aussi la conséquence d’un État-Providence qui est tellement important en France qu’il ne peut que finir par devenir de moins en moins généreux.
Bien sûr, ce manque de confiance pèse sur la croissance. Et c’est là le gros danger.
Vous savez, Karl Marx expliquait que pour faire de la croissance il fallait deux éléments : du capital et du travail. Il avait tort. Il y a un troisième facteur qui est essentiel : c’est la confiance.
Et lorsque vous voyez que la France enregistre une baisse du nombre de naissances pour la troisième année consécutive, cela montre bien qu’il y a un problème de confiance. Confiance dans les structures économiques du pays. Confiance dans le fameux modèle social qui marche si mal. Confiance dans une classe politique qui n’a jamais tenu ses promesses depuis Pompidou.
Nous vivons aujourd’hui dans une société de défiance. C’est grave. Car vous savez ce que l’on dit. La confiance part à la vitesse d’un cheval au galop. Mais elle ne revient qu’à celle d’un cheval au pas.