La loi alimentation oblige les distributeurs à vendre des produits alimentaires très consommés 10% plus chers qu’avant. Un produit à 100 euros ne peut plus être vendu moins de 110 euros. Pourquoi ? Pour empêcher de le vendre à 90 euros. C’est désormais le cas sur des produits très concurrentiels : le Nutella, le Coca-Cola, les céréales pour enfants. Jusqu’à présent le distributeur pouvait vendre à perte à travers des super-promos. Mais l’argent que le distributeur acceptait de perdre il fallait bien le trouver quelque part. C’est sur les produits agricoles où les marges sont énormes que le distributeur se faisait une santé financière. Que se passe t’il à partir d’aujourd’hui ? Le pot de Nutella de 750 grammes passe de 4 euros à 4 euros 39. Le prix du kilo de pomme lui ne bouge pas. Mais les 39 centimes gagnés par le distributeur doivent normalement aller au producteur de pommes. C’est l’esprit de la loi alimentation.
Mais quelle garantie a le consommateur que l’augmentation des prix serve à mieux rémunérer les agriculteurs ? Eh bien aucune garantie. Mais si une loi a été votée c’est pour qu’elle soit en principe appliquée. Aucune garantie pour deux raisons : une impulsion politique ne modifie pas un prix. Et dans la loi il n’y a pas d’obligation réglementaire pour répartir les marges. Michel Edouard Leclerc le patron du groupe Leclerc n’a pas voulu participer aux négociations lors de la loi alimentation. Du coup il déclare : "personne n’est capable d’expliquer comment cet argent gagné par les distributeurs avec la hausse des prix ira dans la poche des agriculteurs". Il a raison. Ça va marcher uniquement si les distributeurs jouent le jeu. Le ministère de l’agriculture est vigilant et envisage un contrôle des prix pour vérifier l’application de l’esprit de la loi. Donc pour l’instant on peut dire que les agriculteurs ont bon dos mais il faut attendre un peu pour juger et surtout la loi a du bon sur un point : elle fait bouger les choses. Depuis quelques jours se multiplient les accords très médiatisés entre géants de la distribution et producteurs laitiers. Chaque fois l’accord permet une revalorisation du prix du lait payé aux éleveurs français. Soyons optimistes pour les autres filières.