Il n’a échappé à personne que des universités et quelques lycées ont été occupés. Ni même que l’occupation du lycée Arago a donné lieu à des gardes à vues musclées qui ont scandalisé les parents des jeunes manifestants. Et le ministre de l’Intérieur, dont la première qualité n’est pas de chercher à complaire aux millenials, a répondu sur un ton auquel l’opinion n’était plus franchement habituée : « Je suis un ancien professeur, la première chose que les professeurs devraient dire à leurs élèves, c’est que quand on est un jeune mineur, on ne va ni occuper son lycée, ni dans des manifestations qui peuvent dégénérer. » Mon dieu, mais que fait-il de l’engagement citoyen de ces jeunes gens ! Pour autant, on a du mal à croire que ça marque une sécession massive de la jeunesse.
De fait, la seule chose qui est sûre, c’est qu’Emmanuel Macron, en 2017, a davantage séduit les retraités que les jeunes. Les 15-24 ans s’abstiennent massivement. Mais on a un peu trop tendance à oublier ceux qui sont exaspérés par les cagoulés de Tolbiac. Ceux qui veulent passer leurs examens et intégrer des filières sélectives. Ceux, surtout, qui en ont un peu assez qu’on réduise la jeunesse à une frange militante d’extrême gauche. Les études d’opinion le montrent : « les jeunes » n’ont pas tellement changé depuis un an dans leur vision du macronisme. Et beaucoup ne risquent pas d’être attiré par un mouvement social qui, dommage pour Jean-Luc Mélenchon, se retrouve le 26 mai pour crier « Tout le monde déteste les gendarmes. » Oui, c’était avec le Comité vérité et justice pour Adama, soutenu par les ineffables Edouard Louis et Geoffroi de Lagasnerie, écrivain et philosophe. Le même Edouard Louis soutient dans les Inrock que la police tuerait entre 15 et 20 jeunes de banlieue par an. Libération a vérifié : même en incluant les accidents de circulation au cours d’une interpellation et les actes commis en dehors de leur service par des policiers dans le cadre de drames familiaux, on reste en est loin.
Quel discours Emmanuel Macron peut-il tenir à la jeunesse ? Pour l’instant, il fait du Kennedy : « Demandez-vous ce que vous pouvez faire pour la France. » En gros, bougez-vous un peu. Mais en effet, il a déjà perdu depuis longtemps ceux qui rêvent d’une alternative à un système qui détruit la planète et réduit l’homme à être consommateur. Mais personne ne les a rattrapés.
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