Pour que ce soit une priorité dans le cadre des élections européennes, il faudrait qu’il y ait d’abord une politique européenne de la transition écologique. Ce qui n’est pas le cas. Il faudrait qu’elle soit dotée d’un véritable budget. Ce serait pertinent. Les émissions de gaz à effet de serre ont augmenté de 2% l’an passé au niveau mondial. L’Europe est donc concernée. Mais il faudrait que les Chinois, les Indiens, les Américains fassent autant d’efforts que les Européens et ça c’est loin d’être gagné. Ensuite, si je reprends les revendications des Gilets Jaunes, il a été évoqué ces derniers mois une taxe sur le kérosène des avions, une autre sur le gazole des bateaux cargos. Ce ne sont pas forcement de bonnes pistes. La France ne peut rien faire toute seule et raisonner en terme de taxes, c’est encore raisonner en terme d’impôts. Europe Écologie les Verts proposent pour les élections européennes la création d’une banque européenne du climat pour investir 100 milliards par an dans la transition écologique. Là encore une idée vertueuse… Mais où va-t-on trouver les 100 milliards ?
Nicolas Hulot, sur France 2 hier soir, a déploré le peu d’ambition du gouvernement pour la transition écologique. Il n’a pas tort !
Il a même raison ! Mais on se rend bien compte que ce qui marche c’est une écologie incitative. Or, pour l’instant, aucun politique n’est capable de proposer une transition écologique incitative avec une vision. Certaines politiques commencent à porter leur fruit : les aides pour la rénovation thermique, la prime à la casse pour changer votre vieux véhicule diesel. 5 000 euros si vous n’êtes pas imposable pour vous aider à acheter un véhicule électrique. Un énorme succès : 278 000 dossiers remplis entre janvier et mars 2019. Un bond de 64% en un an. En revanche la grande politique se fait attendre. On n’entend plus parler de la taxe carbone. L’augmentation est gelée pour cette année. Mais que se passera-t-il l’an prochain ? Pour ne pas aller sur ce terrain glissant, Emmanuel Macron a annoncé une convention citoyenne avec 150 personnes tirées au sort chargées de réfléchir à la transition écologique. Quel pouvoir aura cette convention ? Le président crée un énième comité Théodule pour réfléchir sur des sujets qui requièrent de l’expertise et une vision. Il existe déjà 60 comités Théodule pour réfléchir sur l’environnement. Emmanuel Macron avait lancé en novembre un haut comité sur le climat. On ne sait pas où il est passé. C’est comme la taxe carbone. Hier soir, Nicolas Hulot a lui évoqué une chambre du futur à côté de l’Assemblée Nationale et du Sénat. Il faut phosphorer, on est tous d’accord ! Mais il faut le faire avec pragmatisme. Priorité à l’écologie oui, mais priorité aussi à la recherche, à l’innovation pour moins polluer, pour ne plus détruire des forêts en Indonésie ou en Amazonie, bref, pour sauver notre planète. La première des priorités est de changer notre façon de raisonner.