On pourrait le penser. 17 milliards d’euros de mesures, qui, pour les dernières annoncées jeudi, ne sont pas financées. Les syndicats en ont rêvé, les gilets jaunes l’ont fait ! En cinq mois ! Baisse d’impôts, retraite à 1 000 euros, arrêt de la suppression des 120 000 postes de fonctionnaires. La CGT n’a rien obtenu de tout cela malgré ses nombreuses journées d’action. Et le leader de la CFDT Laurent Berger a gentiment été snobé par Emmanuel Macron quand il lui a proposé fin novembre un « Grenelle du reste à vivre » pour augmenter le pouvoir d’achat. Mais attention, les gilets jaunes ne veulent pas remplacer les syndicats. Beaucoup s’en méfient. Tandis que la CGT aimerait bien ramener à elle les gilets jaunes. Ça marche en partie. Samedi dernier, dans les deux manifestations de gilets jaunes à Paris, il y avait un cortège gilets jaunes et gilets rouges de la CGT. Le mot d’ordre « Riposte Générale ». Ils se retrouvent cette après midi dans la manif du 1 er mai avec Philippe Martinez en tête de cortège. Donc il y a chez certains gilets jaunes une tentation de se « syndiquer » comme il y a une tentation de tomber dans l’anarchie pour les ultra-jaunes aux cotés des Black Blocs. Mais les gilets jaunes n’ont pas remplacé les syndicats. Force Ouvrière et la CFDT restent en dehors de la crise. Ils attendent leur heure.
Mais les syndicats ne sont ils pas démonétisés après les cinq mois de crise des gilets jaunes et après le Grand Débat ?
Non, pour deux raisons. La première, c’est que les gilets jaunes ont prouvé qu’ils étaient incapables de se structurer et aucun leader n’a émergé. Les syndicats, eux, sont organisés. Leurs leaders sont des interlocuteurs pour le gouvernement. Le dialogue ou l’absence de dialogue gouvernement-syndicats font partie des équilibres démocratiques. Enfin les syndicats reviennent au centre du jeu. Réunion avec Edouard Philippe lundi prochain pour discuter de la relance de l’emploi dans les territoires. En septembre, ils seront associés à la réflexion sur le nouvel acte de décentralisation. Où seront les gilets jaunes à ce moment-là ? Dans la rue peut être… Mais pas autour de la table à la place des syndicats…