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Julien Denormandie : "Il faut des abattoirs pour consommer local"

Julien Denormandie, ministre de l'Agriculture et de l'Alimentation, était l’invité du “petit déjeuner politique” de Philippe David le 6 juillet 2021 sur Sud Radio, à retrouver du lundi au vendredi à 7h40.

Agriculteurs
Julien Denormandie, interviewé par Patrick Roger sur Sud Radio, le 23 novembre, dans "le petit déjeuner politique".

Julien Denormandie a visité un abattoir en Charente-Maritime le 5 juillet 2021. L’occasion d’annoncer de nouvelles mesures mais aussi un renforcement des contrôles pour le secteur, en réponse aux vidéos des associations qui font scandale. "Ce qu’il faut reconnaître, c’est que nos abattoirs sont importants : vous savez, les Français demandent de plus en plus de viande locale, de produits du terroir, ses indications géographiques", souligne le ministre. "Pour faire ça, on a besoin d’abattoirs ; et d’abattoirs de petite taille sur nos territoires."
Le ministre de l’Agriculture et de l’Alimentation explique que la France compte un millier d’abattoirs qui sont suivis "de manière très précise". "Mais, évidemment, mon objectif c’est de faire en sorte que ces abattoirs puissent continuer de se moderniser et que, si nous avons des cas qui ne respectent pas les conditions attendues, alors, que ces derniers puissent être contrôlés et puissent être sanctionnés."
Il précise qu’il ne veut pas que "le comportement de certains puisse jeter l’opprobre sur toute une profession qui nous est si importante". C’est la raison du plan dédié aux abattoirs que le ministre a annoncé en Charente.

Abattoirs : "La confiance n’exclut pas le contrôle"

Ce plan consiste, notamment, en "plus de contrôles", détaille Julien Denormandie qui ne manque pas de rappeler que son ministère dispose de 2.000 personnes "qui travaillent sur le contrôle des abattoirs". "On a déjà un suivi très régulier", avec des personnes "sur site".
Les contrôles seront toutefois renforcés "sur deux points" : il y aura des "missions dédiées" qui seront chargées d’analyser "les abattoirs sur un point particulier" et ce "partout en France au même moment". Ainsi faisant, explique le ministre, "on verra là où ça peut être amélioré et les progrès à faire".
Quant au deuxième point du plan prévu par le gouvernement, il s’agit de la création "d’une force d’inspection mobile" après l’été 2021, qui "pourra être mobilisée 24h/24" afin de donner un coup de main aux personnes "qui sont déjà sur site" ou encore afin de "faire des contrôles inopinés".
"La confiance n’exclut pas le contrôle", rappelle le ministre. "J’ai beaucoup de confiance dans ces abattoirs, mais je pense que ce contrôle est nécessaire, justement pour garantir la confiance des Français dans ces abattoirs."

 

Le gouvernement va investir "plus de 115 millions d'euros" dans les abattoirs

Alors que certains défenseurs des animaux demandent que les rapports soient rendus publics, Julien Denormandie estime qu’il faut "prendre le problème par le bon bout". S’il rappelle que certaines données sont publiques, il juge que "souvent on dénigre les abattoirs" alors que ceux-ci font face à un défi : "un abattoir, aujourd’hui, ça ne gagne quasiment pas d’argent". Or, "la société demande de plus en plus de normes, de règles, d’injonctions" à ces abattoirs, "sans jamais se soucier de la capacité de ces abattoirs à porter ces investissements".
Afin d’aider à ces investissements, nécessaires, Julien Denormandie a donc prévu, dans le plan, des investissements massifs, "plus de 115 millions d’euros", précise-t-il. "Au moment où je vous parle, ce sont plus de 120 abattoirs qui vont bénéficier de ce financement, pour monter en gamme, pour améliorer le bien-être animal, le bien-être des salariés."

 

Les travailleurs des abattoirs sont "les premiers qui veulent augmenter la qualité de travail, et donc la qualité du bien-être animal"

Les défenseurs de la cause animale réclament également l’obligation de caméras de surveillance dans les abattoirs afin d’avoir des traces des activités illégales et des maltraitances. "De plus en plus d’abattoirs le font", souligne Julien Denormandie tout en précisant que parmi les abattoirs qui recevront l’aide de l’État, "près de la moitié" prévoient l’installation de caméras. Toutefois, pour lui, "le sujet n’est pas tant la vidéosurveillance" que "la question de l’investissement". "Il faut aider nos abattoirs à investir."
Pour lui, les travailleurs des abattoirs sont "les premiers qui veulent augmenter la qualité de travail, et donc la qualité du bien-être animal", car ce sont en outre des métiers "très difficiles" autant sur le plan physique que sur le plan psychologique "puisque ce sont des endroits où vous donnez la mort à des animaux".
"Enfin, on prend le sujet à bras le corps."

"On a à peu près un agriculteur sur deux qui part à la retraite dans les cinq à dix prochaines années"

Avec le désamour pour le métier d’agriculteur, la France pourrait se retrouver en manque d’agriculteurs. Un risque, notamment pour l’indépendance alimentaire du pays, contre lequel le gouvernement a annoncé une campagne de communication. "On a à peu près un agriculteur sur deux qui part à la retraite dans les cinq à dix prochaines années", explique Julien Denormandie. "Dans la pêche, on a un pêcheur sur trois, qui part à la retraite." Avec de tels départs à la retraite, il risque d’être compliqué pour la France d’assurer son "autonomie alimentaire" et sa "souveraineté alimentaire" sans personnel pour travailler dans ces métiers.
Pour lui, "ces métiers du vivant, ça fait partie des plus beaux métiers au monde", soutient le ministre de l’Agriculture. "Souvent, notre jeunesse a du mal à se lancer dans ces métiers parce qu’elle n’a pas non plus l’image précise de ces métiers."

 

"Quand vous êtes agriculteur ou vous travaillez dans l’agroalimentaire, le matin vous vous levez pour nourrir le peuple. C’est pas rien"

Pour certains, toutefois, c’est plutôt la rémunération de ces métiers qui pose problème. Pour Julien Denormandie, ce sont "des métiers de passion avec, chevillé au corps, le fait de remplir une noble mission". "Quand vous êtes agriculteur ou vous travaillez dans l’agroalimentaire, le matin vous vous levez pour nourrir le peuple. C’est pas rien."
Le ministre concède néanmoins qu’aujourd’hui "on a encore un gros défi de rémunération" concernant ces métiers, notamment à cause de la grande distribution et les industriels qui "négocient les prix sur le dos, encore trop, des agriculteurs". Pour lutter contre ces pratiques, le gouvernement a, fin juin 2021, adopté la loi Egalim 2, "pour assurer la rémunération, à la fin, des agriculteurs".
"Je dis à tous ceux qui nous écoutent : regardez cette page qu’on a créée, qui s’appelle Entrepreneurs du vivant, intéressez-vous à ces métiers, à ces formations du vivant."

 

"Comme disait Hippocrate, le premier des médicaments, c’est l’alimentation"

Une étude de Santé publique France dévoile, début juillet 2021, une contamination massive des aliments en France par des métaux lourds. Julien Denormandie souligne regarder ces études "avec beaucoup de précision", tout en rappelant que ces études portent "sur la consommation que nous avons, de manière générale". "Comme disait Hippocrate, le premier des médicaments, c’est l’alimentation."

"C’est une bataille sur la dénomination, c’est-à-dire, peut-on ou pas écrire le mot champagne et sur quel type de bouteille"

Le champagne est directement attaqué par la Russie qui a décidé, via une loi, que seul le vin mousseux produit en Russie pouvait être appelé champagne, alors qu’il s’agit d’une Appellation d’Origine Contrôlée (AOC) exclusivement française. Cette affaire est suivie "de très très près" par le ministère de l’Agriculture. "C’est une bataille sur la dénomination, c’est-à-dire, peut-on ou pas écrire le mot champagne et, si oui, sur quel type de bouteille", explique Julien Denormandie. "La position de la France, elle est très claire", jugeant que le mot champagne ne peut que venir de Champagne. Mais, souligne le ministre, cette dénomination est "utilisée par d’autres pays, et parfois d’autres pays disent, comme c’est le cas, ‘champagne c’est nous, et vous la France c’est pas champagne’".
"J’ai eu l’occasion de travailler avec les Russes sur ce sujet, on connaît la situation."

Démission d'Éric Dupond-Moretti : "Je n’ai pas réponse à faire sur une situation qui, aujourd’hui, n’existe pas."

Éric Dupond-Moretti, Garde des Sceaux, est convoqué par la justice en vue d’une possible mise en examen à la suite de soupçons de prise illégale d’intérêts. Certains ministres on dû démissionner après une mise en examen. Pour Julien Denormandie, c’est aujourd’hui "une situation qui n’existe pas". "Je n’ai pas réponse à faire sur une situation qui, aujourd’hui, n’existe pas."

 

 

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