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Quand les fake news envahissent l'hémicycle | Le coup de gueule de Philippe David

Par Philippe David

Quand les faits vacillent, les chiffres réels doivent reprendre leurs droits. Dans une intervention remarquée sur LCP, la députée Sandrine Rousseau a enchaîné les affirmations discutables au sujet des néonicotinoïdes et du cancer du pancréas. Philippe David démonte point par point les failles d’un discours qui confond conviction et données scientifiques.

Comme à son habitude, Philippe David remet le clocher au milieu du village… Un village situé dans le VIe arrondissement de Paris. Pourquoi ce quartier chic de la capitale ? Parce que c’est là que se trouvent les studios de LCP, la chaîne parlementaire, et que l’on a pu y entendre des fake news avérées hier.

Une députée, trois affirmations erronées

Vous avez reconnu la députée écologiste Sandrine Rousseau, qui s’exprimait hier soir sur la loi visant à réautoriser les néonicotinoïdes.
Commençons par la première fake news : selon l'élue, le nombre de cancers du pancréas doublerait tous les six ans en France.

Patatras. Les chiffres réels n’ont rien à voir avec ceux avancés par Sandrine Rousseau.
Selon le centre de lutte contre le cancer Léon Bérard de Lyon, la hausse moyenne du nombre de cancers du pancréas en France entre 2010 et 2023 est de 1,6 % par an chez les hommes et 2,1 % par an chez les femmes.

En appliquant la règle des 72, formule mathématique qui permet d’estimer le temps de doublement d’une grandeur à taux de croissance constant, on constate qu’il faudrait quarante-cinq ans chez les hommes et trente-quatre ans chez les femmes pour que le nombre de cas double. On est donc très loin du doublement tous les six ans.

L'accusation des néonicotinoïdes démontée

Deuxième affirmation contredite : le lien supposé entre les néonicotinoïdes et les cancers du pancréas. Le Docteur Jérôme Barrière, oncologue et membre du Conseil scientifique de la Société française du cancer, a démonté cette accusation sur son compte Twitter. Une voix qu’on imagine, sur ce sujet, plus autorisée que celle de Sandrine Rousseau.

Il écrit : « Effectivement, je n’ai trouvé aucun lien entre cette molécule et le cancer du pancréas (en dehors d’une étude préclinique qui n’apporte rien de concret). » Dans un article rédigé par ses soins sur le site Les Électrons Libres, il cite une étude internationale menée aux États-Unis, en France, en Australie, au Danemark, en Corée du Sud et en Norvège. Celle-ci démontre que les agriculteurs hommes ont 28 % de cancers du pancréas en moins que le reste de la population, et 16 % en moins pour les femmes.

Une erreur de plus... mais moins grave

Dernière approximation, cette fois vénielle : le taux de survie à cinq ans pour les cancers du pancréas n’est pas de 10 %, mais de 11 %. Une imprécision minime, certes, mais une imprécision tout de même.

En lisant ces données réelles, Philippe David ne peut s’empêcher de penser à Churchill, qui disait : « Je ne crois aux statistiques que lorsque je les ai moi-même falsifiées. » Et de conclure, non sans ironie : "Sandrine Rousseau étant professeure d’économie, j’adorerais assister à un de ses cours... rien que pour écouter ses chiffres."

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