Un baron de la drogue considéré comme dangereux, a obtenu une permission de sortie pour rechercher du travail alors qu'il ne doit sortir que dans quelques années. Nous sommes avec un surveillant de prison à Vendin-le-Vieil, porte-parole du syndicat UFAP UNSA Justice. Quelle est votre réaction ?
« C'est une décision incompréhensible qui décrédibilise totalement le régime des quartiers de lutte contre la criminalité organisée (QFCO). On affirme donc publiquement qu'on incarcère les cent plus grands narcotrafiquants à Vendin-le-Vieil. C'est un donc peu contradictoire d'appliquer de telles décisions au sein de cet établissement. »
« On se rend bien compte que le droit commun vient se heurter au régime des QFCO. C'est donc un problème et le législateur doit prendre en compte ce nouveau régime. »
"Il y a une incohérence totale"
L’avocat explique notamment que le détenu a un comportement exemplaire par une rédemption qui a été examinée et vérifiée.
« Soit on considère qu'il est dangereux pour la société, ce qu'on pensait jusqu'à maintenant puisqu'il a été incarcéré et affecté dans ce quartier. Soit on ne le considère plus comme dangereux et il n'a rien à faire au sein des quartiers de lutte contre la criminalité organisée. Quand on voit les escortes qui ont été mis en place, très renforcés pour le transfert des détenus en juillet, on se dit que quatre mois plus tard, il sort seul dehors. Il y a une incohérence totale. »
Autorisation de sortie d'un des détenus les plus dangereux de France : "Cette décision incompréhensible et absurde nous décrédibilise" dénonce un surveillant de la prison de Vendin-le-Vieil (@syndicatufap) #GrandMatin https://t.co/7szWaNUpGt pic.twitter.com/MXAxBoaomE
— Sud Radio (@SudRadio) November 24, 2025
Le directeur de la prison, le parquet de Béthune et le parquet général de la cour d'appel de Douai avaient donné un avis défavorable. Mais il y a la chambre d'application des peines de la cour d'appel de Douai qui a pris cette décision. Qu'est-ce que vous dites à la justice et aux personnes qui ont pris cette décision aujourd'hui ?
« Je pense que le législateur doit revoir les choses. En effet, une personne affectée en QLCO ne doit pas obtenir une permission de sortie quatre mois après son arrivée au sein de ce régime, qui a été créé pour couper tout contact avec l'extérieur afin d'éviter de commanditer tout acte depuis l'intérieur de la prison. Donc, si on le laisse dehors au bout de quatre mois, il y a un réel souci. C'est totalement incohérent. Le système présente des failles. On s'en rend bien compte avec cet événement. C'est totalement absurde. »
"On est en colère"
Que ressentez-vous avec vos collègues ? De l'incompréhension, de la colère ? Ou finalement, vous êtes résignés ?
« Oui on est en colère, forcément. Le régime a été créé sur l'idée d'un régime ultra-renforcé, avec beaucoup de sécurité, pour couper tout contact avec l'extérieur. Donc on ne comprend pas pourquoi aujourd'hui, ils sortent seuls, sans surveillance. »
L'avocate a dit que les syndicats pénitentiaires s'occupent des conditions de travail au lieu de commenter, des décisions de justice.
« Justement, on se préoccupe des conditions de travail des personnels. Il faut notamment rappeler que de nombreux personnels ont été mobilisés pour les transferts en juillet. Et on se demande pourquoi autant de personnels mobilisés, si finalement, ce détenu peut sortir seul quatre mois plus tard. »