La championne de biathlon Julia Simon a été condamnée vendredi par le tribunal correctionnel d'Albertville à trois mois de prison avec sursis et 15.000 euros d'amende pour vol et fraude à la carte bancaire, des faits qu'elle a reconnus à la barre mais a peiné à "expliquer".
La jeune femme de 29 ans, membre de l'équipe de France depuis 2015 et qui espère briguer l'or olympique aux JO d'hiver de Milan-Cortina (6-22 février 2026), était accusée d'avoir utilisé à plusieurs reprises à partir de 2021 les cartes bancaires de sa coéquipière Justine Braisaz-Bouchet et de la kinésithérapeute de l'équipe pour des achats d'un montant maximum de 2.400 euros, et de leur avoir dérobé de petites sommes d'argent (entre 20 et 50 euros).
Elle avait partagé à plusieurs reprises des chambres ou des appartements avec elles lors de stages de préparation sportive.
Julia Simon a reconnu "la totalité" des faits mais s'est déclarée incapable de les expliquer.
"C'est un trou noir", a-t-elle lâché, très émue à la barre du tribunal. "Tout ça est très flou pour moi. J'ai eu comme un mécanisme de défense de me recroqueviller sur moi et me concentrer à 200% sur mon sport", a-t-elle lâché.
"Ça me paraît dérisoire et ridicule, ce genre de comportement", a ajouté la biathlète, qui a écarté toute "motivation financière, je n'ai pas été dans le besoin". Elle a déclaré travailler depuis plusieurs années avec un psychologue pour "comprendre tout ça, pour grandir et évoluer".
Il s'agit là "d'une reconnaissance a minima", a regretté le procureur, qui, malgré le casier vierge de l'accusée, avait requis deux mois de prison avec sursis et une amende de 20.000 euros, soit une "peine importante pour prévenir une récidive". Mme Simon encourait théoriquement cinq ans de prison et 375.000 euros d'amende, a-t-il rappelé.
Le tribunal a également condamné la native d'Albertville à 3 ans d'inéligibilité et a par ailleurs rejeté sa demande de ne pas faire figurer la sentence à son casier judiciaire, ce qui pourrait avoir des répercussions sur une éventuelle carrière auprès des douanes françaises avec qui elle a actuellement un partenariat.
L'avocate de Justine Braisaz-Bouchet, Me Sarah Pereira, a elle aussi critiqué une "reconnaissance sans explication" et qualifié la situation de "très difficile" pour sa cliente, absente à l'audience, qui ne "peut pas s'en satisfaire".
"Il n'y a aucune animosité de sa part mais une demande de reconnaître son statut de victime au lieu de l'inverse comme cela a été le cas jusqu'ici" , a-t-elle ajouté.
- Commission nationale de discipline -
La Fédération Française de Ski, qui s'était également constituée partie civile et avait demandé des dommages et intérêts à hauteur "d'un euro symbolique", a indiqué à l'issue de l'audience "prend(re) acte de ce verdict".
Le sort de la championne repose désormais entre les mains de sa Commission nationale de discipline, qui "se réunira de nouveau dans les plus brefs délais afin de se prononcer sur le plan disciplinaire fédéral", selon un communiqué de la FFS.
Interrogé sur "l'avenir olympique" de Julia Simon après cette condamnation, le président de la FFS, Fabien Saguez, présent à l'audience, a déclaré vouloir "s'attacher à faire en sorte que tous les athlètes, je dis bien tous les athlètes, soient bien encadrés par les équipes, qu'on continue à essayer de les accompagner au mieux pour qu'ils réalisent leurs rêves".
"Pour moi c'est une journée (...) importante, il fallait que le problème soit purgé, il l'est et c'est parfait", a-t-il estimé.
"Les Jeux de Milan évidemment sont l'un des événements majeurs tous les quatre ans(...) et on va faire en sorte que tout le monde puisse s'exprimer de la meilleure des manières pendant cette période-là", a ajouté le dirigeant.
Julia Simon lors d'une séance de photo, le 28 avril 2025 à Paris
Thibaud MORITZ - AFP/Archives
Dans un entretien à l'AFP en avril 2025, Julia Simon avait déclaré vouloir "aller chercher la médaille d'or en Italie, la seule qui manque à mon palmarès".
Par Amélie HERENSTEIN / Albertville (France) (AFP) / © 2025 AFP