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Justice : fini l'objectif de 15 000 places de prison supplémentaires !

Par Justine Houllé

Dimanche 10 novembre, le garde des Sceaux Didier Migaud a enterré l'objectif des 15 000 places de prison supplémentaires promis par Emmanuel Macron en 2017. En cause : des "difficultés foncières" et "des oppositions de la part d'élus", selon le ministre de la Justice.

La photo représente le mur entourant une prison. Une longue rangée de barbelés encadre la cloison qui sépare les prisonniers de l'extérieur. À droite de l'image, des caméras surveillent la zone
kontrast-fotodesign de Getty Images Signature

15 000 places de prison supplémentaires d'ici 2027 : c'était la promesse de campagne faite par Emmanuel Macron en 2017 pour tenter de limiter la surpopulation carcérale, en grande tension depuis des années en France. Un objectif qui ne sera donc pas atteint à l'échéance prévue, selon les déclarations, dimanche, du garde des Sceaux Didier Migaud. En effet, depuis l'annonce de ce vaste plan pénitentiaire, seules 4 500 nouvelles places ont été livrées. On en parle avec Laurent Dona, secrétaire local adjoint FO Justice.

Surpopulation carcérale : "On ne nous donne pas les moyens de faire notre travail comme il faut !".

Au 1er octobre 2024, le nombre de détenus en France a atteint un nouveau record. Ce sont désormais 79 631 personnes qui sont incarcérées, pour quelques 62 000 places disponibles à l'heure actuelle. Un constat alarmant, que pointe avec insistance Laurent Dona au micro de Benjamin Glaise. "D'ici quelques jours,  [voire] quelques semaines, nous allons dépasser les 80 000 détenus hébergés" dans les prisons de France. Avec un "taux d'occupation  [actuel] de 128%", notre pays est "le 3e plus mauvais élève en Europe" sur le sujet, déplore le secrétaire local adjoint FO Justice. En effet, selon une étude publiée en juin par le Conseil de l'Europe, la France figure juste derrière Chypre et la Roumanie.

Mais alors, à qui la faute ? "La responsabilité est clairement celle du gouvernement", affirme Laurent Dona, puisque "c'est lui qui conduit et impacte la politique pénale". Par exemple, "dans les annonces qui sont faites, on nous enlève 250 millions [d'euros] sur le budget de la Justice et on réduit par 2 les effectifs prévus à l'embauche". En conséquence, les effets de ces choix ne tardent pas à se faire ressentir : les "conditions de travail [deviennent] déplorables pour les personnels", la "politique de réinsertion des détenus" se transforme en "échec"... En d'autres termes : "on ne nous donne pas les moyens de faire notre travail comme il faut !", dénonce le secrétaire local adjoint FO Justice.

"Au vu de la surpopulation actuelle, il faut que le gouvernement impose la construction de ces établissements".

Pour justifier l'impossibilité de construire, d'ici 2027, les 15 000 places de prison supplémentaires promises par Emmanuel Macron, le ministre de la Justice l'impute aux "oppositions de la part d'élus". Sur ce point, Laurent Dona est formel : "les prisons, tout le monde en veut, mais personne n'en veut une en face de chez soi". Or, face à l'urgence de la situation, le secrétaire local adjoint FO Justice plaide pour que "le gouvernement prenne ses responsabilités et impose la construction de ces établissements".

Une demande qui va dans le sens des déclarations du ministre de la Justice, qui a notamment annoncé avoir recours "à des procédures exceptionnelles" pour contrer les oppositions locales. Mais est-ce une bonne idée de forcer la main aux élus locaux ? C'est malheureusement la seule, estime Laurent Dona : "au bout d'un moment, il faut que l'intérêt général prime sur les intérêts individuels, sinon on n'arrivera jamais à réduire la surpopulation carcérale !". Une fois cette action menée à bien, l'objectif principal consistera donc avant tout à "donner les moyens à l'administration pénitentiaire de pouvoir exercer son rôle". En d'autres termes, tôt ou tard il sera impératif de "construire des places de prison" et, surtout, d'"embaucher des personnels", conclut Laurent Dona. Dès lors, "[l'amélioration des] conditions de travail des personnels" sera possible et "l'objectif politique de réinsertion des condamnés, [rempli]". Affaire à suivre !

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