Depuis les Jeux d'hiver de Nagano en 1998, 500.000 personnes ont été écartées des Jeux paralympiques. 500.000 athlètes mis sur la touche parce qu'en situation de déficience intellectuelle, psychique ou cognitive. Une aberration que souhaite en partie réparer à l'occasion des Jeux d'hiver 2030 qui seront organisés dans les Alpes françaises, Sandrine Chaix et Marc Truffaut, respectivement vice-présidente de la Région Auvergne-Rhône-Alpes déléguée au handicap, à l'action sociale et aux violences faites aux femmes, et président de la Fédération française des sports adaptés qui compte 66.000 licenciés.
Tous deux ont décidé d'agir pendant il en est encore temps et ont impulsé depuis 2023 un plan d'action afin de faire définitivement évoluer les mentalités et montrer au monde que la France est en capacité de faire bouger les lignes, comme le succès des derniers Jeux Olympiques et Paralympiques de Paris 2024 l'a magistralement démontré.
Leur ambition : que la classification des sports adaptés soit rajoutée en 2030 afin que les Jeux Paralympiques des Alpes françaises soient vraiment inclusifs.
Sandrine Chaix détaille son engagement au micro d'Anthony Martins-Misse sur Sud Radio, dans l'émission "Faut que ça change".
Sandrine Chaix, vous poussez un coup de gueule car vous estimez que la France doit être le porte-drapeau des Jeux paralympiques et de l'inclusion lors des Jeux d'hiver 2030 qui seront organisés dans les Alpes françaises
C'est vrai que c'est une exclusion de fait, puisque les athlètes de sports adaptés, aujourd'hui, ne participent pas aux Jeux paralympiques, notamment d'hiver. Des athlètes qui ont des troubles de l'autisme ou qui sont trisomiques. Et comme nous avons la chance, dans notre pays, d'accueillir une deuxième fois des Jeux en très peu de temps, j'aimerais bien que notre pays soit précurseur. Et répare cette injustice.
"Ce sont des athlètes qui ont un handicap parfois invisible, et donc ils sont souvent invisibles"
D'autant que la France est particulièrement performante, comme en 2023 avec 87 médailles remportées sur 1000 participants lors des Jeux mondiaux de sports adaptés. Soit 8,7% des médailles mises en jeu. Et malgré ça, on n'arrive pas à se mobiliser. Comment l'expliquez-vous ?
Je pense que ce sont des athlètes qui ont un handicap parfois invisible, et donc ils sont souvent invisibles. Leur performance sportive n'a pas encore trouvé le chemin des médias. Et quand on ne voit pas les choses, on n'en parle pas. Et quand on n'en parle pas, on n'a pas de sponsor. Et comme on n'a pas de sponsor, finalement, on fait les choses dans une certaine indifférence.
❓ Vous avez manqué #FautQueCaChange ? Retrouvez le replay de l'émission du jour avec Sandrine Chaix, vice présidente de la Région Auvergne-Rhône-Alpes, Laureline Serieys, Directrice Générale @UberFR et Salim EJNAÏNI, Cavalier professionnel et auteur au micro d'@a_martinsmisse… pic.twitter.com/I0N4SFBwFi
— Sud Radio (@SudRadio) October 11, 2025
" Ces athlètes-là se sentent écartés"
Vous avez lancé une tribune en ligne sur www.jeux2030inclusifs.fr : combien de personnes l'ont signée jusqu'à présent ?
Aujourd'hui, on est à un petit peu plus de 1500 (2004 aujourd'hui) avec une particularité dont on est assez fier, c'est que compte tenu du contexte, nous avons des parlementaires de toute sensibilité politique qui se sont retrouvés derrière cette tribune. Et puis on a de nombreux athlètes.
Jusqu'à quand peut-on agir ?
Jusqu'alors c'était peut-être trop tôt, et en fait on ne voudrait pas qu'à un moment donné on nous dise que c'est trop tard. Donc voilà, je pense que c'est important qu'on n'oublie pas que ces athlètes-là se sentent écartés, qu'ils poussent pour que leur classification soit rajoutée aux Jeux 2030. C'est techniquement possible, donc on espère qu'on sera entendus. Et j'appelle tous les auditeurs à rejoindre cette tribune. Plus on sera nombreux à la signer et à la porter, et plus on montrera que la France est prête pour accueillir ça. »
"C'est une belle image de montrer l'inclusion et de faire comprendre que ça n'est pas que du handicap, que des difficultés : ces sont aussi des fiertés"
Qu'est-ce qui bloque concrètement selon vous ?
Aujourd'hui, on parle d'écoles inclusives. Mais de qui parle-t-on quand on parle d'écoles inclusives ? On parle souvent d'enfants qui sont porteurs de trisomie ou qui ont des troubles du spectre de l'autisme. Et on ne saisit pas l'occasion de montrer que ces enfants-là, une fois devenus jeunes ou adultes, sont dans la haute performance pour la France. C'est une belle image de montrer l'inclusion et de faire comprendre que ça n'est pas que du handicap, que des difficultés : ces sont aussi des fiertés.
Où est passé selon vous le fameux héritage des Jeux de Paris ?
Je pense qu'il est dans l'image, sur la performance. On a vu vraiment un engouement pour les résultats. Maintenant, ce qu'il faut, c'est qu'il y ait une certaine continuité pour que l'on puisse permettre aux athlètes, et notamment en situation de handicap, de continuer à s'entraîner même s'il y a eu une grosse perte de sponsoring aussi pour beaucoup.