Un débat riche et concret a réuni trois invités engagés : Philippe Trotin, directeur de la mission handicap et accessibilité chez Microsoft France, Claude Monnier, ancien DRH chez Sony, et Franck Menu, fondateur de l’entreprise adaptée “Amploi” et du centre de formation inclusif “Savoir IA Inclusif”.
IA : inclusion ou nouvelle frontière de précarité ?
La question posée est simple, mais la réponse complexe : l’IA représente-t-elle une opportunité d’émancipation pour les personnes en situation de handicap, ou risque-t-elle d’accroître leur précarité professionnelle ?
16 % de la population active vit avec un handicap. Depuis plus de dix ans, Microsoft mise sur des technologies d’accessibilité comme la commande vocale ou encore leur appli Seeing AI, conçue pour assister les personnes malvoyantes. Lancée en 2017 aux États-Unis et disponible en français depuis 2019, Seeing AI transforme la caméra d’un smartphone en un narrateur visuel : lecture instantanée de texte, reconnaissance de produits via code-barres, identification de personnes, description de couleurs ou même d’une scène complète, le tout en audio pour accompagner l’autonomie au quotidien. Aujourd’hui selon Philipe Trotin, avec Copilot, l’enjeu est de démocratiser l’usage de l’IA générative, un outil puissant mais encore trop méconnu du grand public.
Claude Monnier insiste sur l’aspect culturel et organisationnel : “L’IA est un sujet central pour les ressources humaines. Elle bouleverse les métiers, mais elle peut surtout en créer de nouveaux. À condition d’accompagner la transition.” Il plaide pour une formation systématique dès le recrutement, qui permettrait notamment aux personnes dyslexiques ou souffrant de troubles de l’expression écrite de se sentir plus autonomes et légitimes : “Avec l’IA, on peut écrire cinq fois plus vite sur un téléphone. Elle donne confiance.”
Quand l’IA devient un outil d’émancipation
Franck Menu, qui forme régulièrement des publics éloignés de l’emploi, en témoigne : l’IA peut transformer le quotidien des personnes en situation de handicap. “Il faut partir des besoins et des difficultés, et voir si une IA peut y répondre.”
Des exemples concrets abondent : la dictée vocale permet aux personnes sans membres supérieurs d’utiliser un ordinateur. Les assistants vocaux facilitent le dialogue. L’outil “Perplexity”, par exemple, peut retranscrire le contenu d’une vidéo ou d’un fichier audio, facilitant ainsi l’accès à la culture pour les personnes sourdes. L’IA peut même détecter le ton d’un message écrit, ce qui est précieux pour les personnes autistes.
Vers une IA accessible à tous
Microsoft mise aussi sur Copilot Vision, une nouvelle interface intégrée à Windows : grâce à une simple combinaison de touches (Windows + U), les utilisateurs accèdent à toutes les fonctions d’accessibilité. Il est désormais possible de dialoguer avec son ordinateur à la voix, de lui demander de décrire l’écran ou d’exécuter une action.
Claude Monnier résume l’enjeu en une formule : “L’IA est un gisement de nouveaux métiers, mais aussi un levier d’autonomie.” Encore faut-il donner les clés à chacun pour s’en emparer.
Bien sûr, voici une proposition de conclusion pour le premier article (sur l’IA et le handicap au travail) :
Alors, l’intelligence artificielle sera-t-elle le nouveau moteur de l’inclusion ou un accélérateur d’exclusion pour les plus fragiles ? Tout dépendra des choix que feront les entreprises et les institutions : investir dans la formation, penser l’accessibilité dès la conception, et surtout, considérer l’IA non pas comme un gadget, mais comme un outil d’émancipation humaine.
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Tous les samedis, retrouvez "Faut que ça change", un miroir tendu entre ceux qui prennent les décisions et ceux qui vivent le handicap au quotidien, pour un moment de radio intense, humain et authentique avec Anthony Martins Misse.