C’était l’un des marqueurs fiscaux les plus audacieux du débat sur les inégalités : la taxe Zucman, du nom de l’économiste Gabriel Zucman, revient sur le devant de la scène parlementaire à l’occasion des discussions sur le budget 2026. Initialement pensée pour imposer les patrimoines supérieurs à 100 millions d’euros à hauteur de 2 %. Une réponse directe à l’évasion fiscale des ultra-riches, avec un rendement estimé à 20 milliards d’euros par an, qui visait à instaurer une contribution minimale des plus grandes fortunes, indépendamment des stratégies d’optimisation fiscale. Le rendement espéré : jusqu’à 20 milliards d’euros par an.
Une réforme emblématique revue à la baisse
Mais face aux réticences du gouvernement et du centre, le Parti socialiste a revu sa copie. Sa nouvelle proposition, déposée dans le cadre du budget 2026, abaisse le seuil d’imposition à 10 millions d’euros, relève le taux à 3 %, mais introduit plusieurs exemptions : entreprises familiales, start-ups innovantes, actifs non liquides… Cette nouvelle mouture, plus souple, viserait un rendement de 5 à 7 milliards d’euros, selon les estimations internes.
Un compromis qui divise la gauche
Si cette version élargit l’assiette, elle introduit aussi des « trous dans la raquette », selon plusieurs élus de gauche. La France insoumise et les écologistes dénoncent une mesure trop permissive, qui risquerait de reproduire les failles de l’ancien ISF. Gabriel Zucman lui-même a salué l’initiative tout en appelant à ne pas multiplier les exonérations, au risque de diluer l’efficacité du dispositif.
Un calendrier parlementaire incertain
Prévu pour être débattu cette semaine, l’amendement socialiste a été repoussé dans le calendrier parlementaire. Officiellement pour des raisons de « surcharge législative ». Officieusement, parce que l’exécutif n’est pas prêt à ouvrir ce front fiscal et reste prudent, préférant des incitations à l’investissement plutôt qu’une taxation directe des patrimoines.