Un an après sa déception des Jeux olympiques, Romane Dicko a dû une nouvelle fois se contenter du bronze chez les +78 kg jeudi aux Championnats du monde de judo, mais la Française repart de Budapest avec des axes de travail à explorer.
Dicko s'est imposée dans sa petite finale face à l'Estonienne de 17 ans Emma-Melis Aktas, battue par waza ari. "Bien sûr que je voulais l'or, j'étais venue pour ça. Mais ma médaille de bronze me fait regarder vers l'avenir. Ça montre que j'ai encore des choses à travailler", a-t-elle réagi.
Championne du monde en 2022 à Tachkent, la judoka de 25 ans était déterminée à récupérer sa couronne planétaire après l'avoir cédée aux Mondiaux de Doha l'année suivante. Arrivée au Qatar en tant que tenante du titre et grande favorite, elle était tombée de haut en étant battue dès son entrée en lice.
Surtout, elle espérait une victoire à Budapest pour mettre définitivement derrière elle les JO de Paris où elle avait dû se contenter du bronze alors qu'elle aspirait à l'or. C'est finalement de nouveau le bronze qu'elle a récolté.
A l'issue de ses cinq combats du jour, Dicko s'est dite tout de même "satisfaite, contente". "C'était une journée très compliquée, des championnats compliqués. On n'a pas vu beaucoup de médaillés olympiques convertir leurs médailles en médailles mondiales et je fais partie de celles qui ont réussi à le faire", s'est-elle félicitée.
- Maths = judo -

La Française Romane Dicko pose avec sa médaille de bronze en +78 kg lors des Championnats du monde de judo à Budapest le 19 juin 2025
Ferenc ISZA - AFP
Elle a su se remobiliser après sa défaite en demi-finale contre Kim Hayun, médaillée olympique et mondiale. Nettement dominée en deuxième partie de combat, elle avait cédé aux pénalités lors de prolongation, sans solution face au problème posé par la Sud-Coréenne.
Peut-être frustrée de ne pas avoir su résoudre l'équation, la Française s'est alors plongée pendant la pause dans ses mathématiques, la matière qu'elle étudie à la Sorbonne en parallèle de sa carrière de judoka.
"Ca m'a fait du bien parce que je ne pensais pas à mon adversaire. J'étais juste dans mes exercices de maths", a-t-elle expliqué à quelques jours de ses examens. "Pour moi, les maths et le judo, c'est pareil. Tu as un exercice à faire, il y a plein de solutions. Tu as plusieurs façons de résoudre le problème, tu trouves celle qui te correspond. Parfois tu galères. Il faut t'entraîner, t'entraîner, t'entraîner. Et à la fin, si tout va bien, ça passe."
- "La vie est drôle" -
En demi-finale, la Française n'a pas su s'adapter au renversement de tactique de son adversaire, a-t-elle analysé. "Il faut que j'aie plus de schémas dans ma tête pour que quand l'adversaire change de tactique, je m'adapte. C'est ce que je n'ai pas réussi à faire", a-t-elle expliqué. "Je suis forcément déçue, mais la suite va être royale, j'ai trop hâte de travailler sur ça et sur plein de choses."

La Française Romane Dicko lors de son combat contre l'Italienne Asya Tavano en +78 kg pendant les Championnats du monde de judo à Budapest le 19 juin 2025
Ferenc ISZA - AFP
Jusqu'au dernier carré, la quintuple championne d'Europe s'était montrée impressionnante en dominant ses adversaires avec autorité.
Pour son entrée en lice, le tirage au sort avait placé sur sa route l'Italienne Asya Tavano, justement celle qui l'avait cueillie à Doha en 2023 au même stade de la compétition. Dicko l'a écartée en moins de deux minutes.
"La vie est drôle parfois!", a-t-elle ironisé. "Deux ans après, il fallait que je reprenne le premier tour des Mondiaux qui m'ont traumatisée pour commencer la compétition. Je suis contente, j'ai réussi à m'exprimer, à faire du bon judo et à passer ce premier tour qui n'était pas facile car il me rappelait de mauvais souvenirs."
Avec cette médaille de bronze, Dicko apporte à la France sa quatrième médaille de la compétition, après l'or de Joan-Benjamin Gaba dimanche en -73 kg, l'argent de Romain Valadier-Picard en -60 kg et le bronze de Sarah-Léonie Cysique en -57 kg.
Les Mondiaux se concluent vendredi avec l'épreuve par équipes mixtes.
Par Diane FALCONER / Budapest (AFP) / © 2025 AFP