Une semaine après avoir décroché l'or mondial sur 10.000 m, le Français Jimmy Gressier se présente dimanche en finale du 5.000 m sans "rien avoir à perdre" et sans "complexe d'infériorité", en quête d'un doublé que seuls deux athlètes ont réalisé.
Dans la touffeur tokyoïte, Gressier est devenu le premier Français à remporter un 10.000 m aux Championnats du monde ou aux Jeux olympiques. Au terme d'une course lente (28:55.77) où aucun des favoris n'a placé d'attaque, il a fait parler son excellent finish pour décrocher au sprint l'or devant le favori éthiopien Yomif Kejelcha.
Une semaine plus tard, le Boulonnais de 28 ans pourrait dimanche (à partir de 12H47 française) continuer de creuser son sillon dans l'histoire de l'athlétisme français en devenant le premier Tricolore à être médaillé dans un grand championnat sur 5.000 m depuis la légende du fond Alain Mimoun, vice-champion olympique en 1952.
Voire même, en cas de titre, s'assoir à côté de l'Ethiopien Kenenisa Bekele (2009) et le Britannique Mo Farah (2013 et 2015), seuls athlètes à avoir accompli l'exploit d'un doublé sur 10.000 m et 5.000 m.
"Les rejoindre serait extraordinaire, un truc incroyable pour l'athlétisme français. Et même si je vais chercher une médaille, je serai le plus heureux du monde. Essayons de poursuivre le rêve dimanche", imaginait Gressier après sa série vendredi soir.
"Je suis en finale, j'espère que tout le monde croit en la médaille et en la gagne. Ce serait une faute professionnelle de ne pas y croire, surtout sur ce championnat rocambolesque, avec pas mal de belles surprises", ajoutait le demi-fondeur.
- Un plateau dense -
Malgré les sorties en séries du Suédois Andreas Almgren (9e), recordman d'Europe, et de la jeune pépite néerlandaise Niels Laros (blessé), le Français possède le 7e temps des engagés en finale, loin derrière un plateau très relevé, même sans Kejelcha.

Le Norvégien Jakob Ingebrigtsen, champion du monde et champion olympique en titre du 5.000 m, lors des séries des championnats du monde d'athlétisme à Tokyo, le 19 septembre 2025
Jewel SAMAD - AFP
A commencer par les favoris éthiopiens Hagos Gebrhiwet et Biniam Mehary, qui ont eu une stratégie incompréhensible pendant le 10.000 m en acceptant un rythme lent sans attaquer, mais aussi le Norvégien Jakob Ingebrigtsen, champion olympique et du monde en titre, et l'Américain Grant Fisher (médaillé de bronze à Paris).
Blessé au printemps au tendon d'Achille, Ingebrigtsen effectue un retour poussif à Tokyo, éliminé dès les séries du 1.500 m et 8e et dernier qualifié de sa série sur 5.000 m.
"On sait que Jakob n'est pas à son +prime+ (top, ndlr). Bien évidemment qu'il fait +moins peur+ que quand il est en super forme. Mais il faut toujours s'en méfier. En finale, ce sera encore une autre course", a analysé Gressier, qui sera accompagné par deux autres Français - Yann Schrub et Etienne Daguinos.
Il se "méfie" aussi de Cole Hocker, champion olympique du 1.500 m à Paris et disqualifié en demi-finale de la même discipline à Tokyo.
Avant d'ajouter: "Il ne faut pas faire de complexe d'infériorité avec eux. Il faudra jouer des coudes. Il faudra leur montrer qu'on est présent. Et en tout cas aujourd'hui, je n'ai plus rien à perdre".
AFP / Tokyo (AFP) / © 2025 AFP