Cette fois c'est bien fini. Au bout de l'émotion, le multi-médaillé international Pascal Martinot-Lagarde a mis fin à sa carrière dimanche après d'ultimes Championnats de France d'athlétisme à Talence et une 7e place anecdotique sur 110 mètres haies, discipline dont il détient le record national depuis plus de dix ans.
"J'ai mal au ventre, j'ai mal aux abdos, j'ai trop pleuré, j'ai dit au revoir (au public) et ça fait de moi l'un des athlètes les plus chanceux du monde", a réagi "PML", les yeux embués, après s'être offert un émouvant tour d'honneur avec le public girondin.
Champion d'Europe en 2018, médaillé de bronze mondial en 2019, triple vice-champion du monde en salle sur 60 m haies (2014, 2016, 2022)... Entre 2012 et 2022, "PML" est monté 12 fois sur un podium international, en salle ou en plein air, aux Mondiaux ou aux Europe, et affiche l'un des palmarès les plus riches de l'athlé français.
Un an après avoir échoué à se qualifier aux JO de Paris et après avoir évoqué pour la première fois vouloir mettre fin à sa carrière, le hurdleur de 33 ans avait annoncé que Talence serait, pour de bon, sa dernière danse sur la piste et on l'avait senti très stressé dès les séries la veille.
- "Merci" -
"Je vais pas vous mentir, pour moi ces Championnats de France, ce sont des Championnats du monde", avait alors glissé en zone mixte Pascal Martinot-Lagarde, qui avait d'abord envisagé de mettre fin à sa carrière dès la fin de l'hiver avant de se surprendre en s'offrant une ultime sélection avec le maillot bleu-blanc-rouge lors des Mondiaux en salle à Nankin (Chine) en mars.
Dimanche en finale, le recordman de France a réussi à contenir son émotion même s'il a admis qu'il avait eu "très envie de pleurer avant même de courir". "Je n'ai jamais eu les jambes aussi lourdes", a-t-il raconté. "C'était très lourd à porter de se dire, une fois dans les starting-blocks, qu'après c'était terminé."
Une fois la ligne d'arrivée franchie, "PML" a enfin pu laisser couler les larmes qu'il a retenues tout le week-end, avant de s'offrir un long tour d'honneur avec le public de Talence, nombreux et connaisseur.
"C'était des larmes de +c'est fini, on raccroche les pointes et on ne les remet plus jamais+", a-t-il raconté. "Je ne sais même pas combien j'ai fait, je ne sais même pas quelle place j'ai fait. Je m'en fous complètement. Je voulais dire au revoir et c'est chose faite. Si on peut résumer en un mot, c'est +merci+".
- Passage de témoin -
Pour ses adieux, le hurdleur qui a longtemps été un fer de lance de l'athlétisme français a couru dans l'une des finales les plus relevées de l'histoire des Championnats de France d'athlétisme. Il a même presque assisté à la chute de son vieux record de France (12.95 en 2014) avec la victoire de Just Kwaou-Mathey devenu dimanche le troisième Français de l'histoire sous les 13 secondes (12 sec 99), après "PML" et Ladji Doucouré.
"Il a vraiment inspiré toute notre génération", a salué Just Kwaou-Mathey après sa victoire. "Il a fait 12.95 en 2014 et c'est une course que je regarde encore beaucoup et là je suis très content de faire 12 secondes sur sa dernière course à lui, c'est un peu comme un passage de témoin."
"J'espère que Pascal a kiffé, franchement", a ajouté Sasha Zhoya, deuxième dimanche en 13 sec 18. "Ca fait plaisir de voir tous les athlètes, les plus âgés et les plus jeunes, en train de se +taper+ ensemble."
S'il termine sa carrière avec un record de France qui tient toujours, Pascal Martinot-Lagarde "espère bien qu'il va tomber" bientôt grâce à "la génération derrière lui" emmenée par Kwaou-Mathey et Zhoya.
"Moi, je dis au revoir, mais la France reste un pays très fort sur la discipline" a salué "PML".
"Mais j'espère que (le record) va tomber pour pouvoir aller chercher les médailles internationales", a-t-il insisté. "Parce que 12 sec 99, c'est génial mais pour aller chercher l'or, il faudra aller encore plus loin."
Par Valentine GRAVELEAU, Arthur CONNAN / Talence (AFP) / © 2025 AFP