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Serge Blanco : "On arrête et on n'en parle plus"

Invité de Sud Radio ce dimanche au micro de Xavier Barret, Julien Plazanet et Arnaud Rey, Serge Blanco est revenu sur sa carrière sous le maillot bleu et a commenté l'actualité récente du rugby. Pour l'ancien arrière du XV de France, il n'y a pas de débat, la saison 2019-2020 doit s'arrêter.   Sur sa […]

French former rugby player Serge Blanco looks on during the national assembly of the French Rugby Federation (FFR) on July 2, 2016 at the Beaumont palace in Pau, southeastern France. (Photo by GAIZKA IROZ / AFP)

Invité de Sud Radio ce dimanche au micro de Xavier Barret, Julien Plazanet et Arnaud Rey, Serge Blanco est revenu sur sa carrière sous le maillot bleu et a commenté l'actualité récente du rugby. Pour l'ancien arrière du XV de France, il n'y a pas de débat, la saison 2019-2020 doit s'arrêter.

 

Sur sa carrière avec le XV de France (93 sélections, 38 essais)  : 

"C'est vrai qu'on a vécu des moments exceptionnels avec tous ces joueurs et cet entraîneur mythique (Jacques Fouroux ndlr) mais le souvenir ne peut pas s'arrêter qu'à un seul évènement même exceptionnel car cela nous a amené en finale de la Coupe du Monde 87. Il y a tellement de matchs qui remontent à la surface, on a pris tellement de plaisir et c'est vrai qu'on a eu un maximum de jolis gestes et de belles relances. Ce qui est intéressant, ce sont toutes ces aventures et l'image que donnait le rugby français".

Sur l'évolution du jeu : 

"Les règles étaient différentes, il ne faut surtout pas comparer avec aujourd'hui mais c'est vrai qu'on avait ce feu sacré qui nous permettait d'être un peu insouciant. Quand on arrivait en début de tournoi, on avait aussi l'exceptionnel président de la Fédération Française de Rugby, Albert Ferrasse, qui nous disait : "Bon, les petits, il faut absolument gagner les matchs en France. Après, tout est bonus". Donc on se libérait et on était capable surtout de fournir des prestations, qui la plupart du temps, ne nous permettaient pas de gagner mais de nous donner satisfaction et d'apporter de la joie aux supporters avec qui on partageait ces moments exceptionnels (...) Aujourd'hui, certaines règles nous ont fait du bien, d'autres un peu moins. On donne des solutions toutes prêtes aux joueurs parce que les entraîneurs ont regardé l'équipe adverse et leurs disent : attention, là il y a la faille donc si vous faites trois mouvements comme ça, deux comme cela, normalement vous pouvez déséquilibrer la défense adverse. Pour moi, le rugby ce n'est pas ça. Bien sûr que l'on doit donner des armes, on s'entraîne pour, mais après c'est le joueur ou le collectif qui doit faire le choix. Ce sont les joueurs qui doivent prouver qu'ils ont tout assimilé par rapport aux entraînements et aux stratégies. Je pense que l'on a dépersonnalisé les joueurs et moi j'ai envie qu'ils prennent leurs responsabilités. J'ai joué avec Didier Codorniou et quand on était sur le terrain, à un moment donné, il nous disait : "bon les gars, on va attaquer, je me fais un petit cadrage débord' et après vous savez ce qu'il faut faire". On savait s'adapter à ce que Didier ou tout autre joueur allait faire".

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Sur les scénarios de reprise des championnats professionnels : 

"Pour moi, on donne trop d'importance à notre sport même si économiquement, c'est toujours très important. Vous savez, j'ai deux amis qui sont aujourd'hui dans le coma et je peux vous promettre que je n'ai pas du tout envie de penser au rugby. Par contre, je pense à la reprise de la vie et je ne sais pas comment tout le système va pouvoir être relancé. C'est quand même un petit peu fort de café qu'aujourd'hui on se préoccupe de la manière de reprendre le championnat. Surtout que c'est complètement tronqué et si on devait le reprendre, même avec des demi-finales et une finale, pour moi ça n'aurait plus lieu d'être. J'ai été dirigeant de club, on a eu trois titres avec le Biarritz Olympique et je peux vous dire que la satisfaction, c'est d'avoir fait tout ce qu'il fallait faire toute la saison pendant les moments forts et faibles. Là, je ne vois pas quel champion de France peut être satisfait d'être champion. On n'a pas été au bout de la compétition alors on arrête et on n'en parle plus. (...) Je crois que l'on ferait mieux de s'inquiéter de comment on va se sortir de cette phase exceptionnelle même pour la saison prochaine et surtout avoir au moins l'humilité de se dire qu'il y a des choses bien plus importantes que le rugby."

Sur la gestion de cette crise dans le rugby : 

"Je crois qu'il y a eu un affolement général, tout le monde a voulu aller plus vite que la musique sans avoir les tenants et les aboutissants, tout en sachant pertinemment que la maladie était là. Ce n'est pas la faute d'une personne mais c'est l'ensemble qui doit être maîtrisé. Quand je vois que tous les présidents parlent (il le répète), que les uns et les autres donnent leurs solutions, il faut s'arrêter, il faut continuer... Ils râlaient car ils avaient eu des réunions et qu'une demi-heure après tout était étalé dans le monde de tous les jours. Le problème c'est que l'on veut toujours être le premier à annoncer certaines choses. Mais si vous dites ça, on va vous dire qu'autrefois ils serraient tous la vis, il ne fallait rien dire... De temps en temps, il y a des choses qui ne doivent pas sortir de la famille du rugby".

Sur le rugby français et sa campagne auprès de Florian Grill pour les élections à la FFR : 

"La meilleure des mesures c'est que l'on puisse tous discuter ensemble, ce qui n'est pas le cas aujourd'hui. Soit vous faite partie de la majorité, soit de l'opposition. Avec quelques autres, je suis dans l'opposition donc tout ce que l'on peut dire doit être anéanti. Bernard Laporte méritait d'être élu car il avait fait un travail considérable pour y arriver mais on n'était pas là pour poursuivre la nuit des longs couteaux. On était là pour se dire qu'est-ce qu'il peut se passer pour l'avenir du rugby français ? Et puis il y a eu des bagarres qui ont commencé entre la LNR et la FFR. Il y en a un qui a dit à l'autre : je vais te virer et te mettre un coup de pied là où tu sais, comme ça tout ira mieux. Manque de pot, rien ne s'est passé comme cela devait soi-disant se passer et on s'est retrouvé dans des situations ubuesques. Personne n'en parle mais il y a eu aussi un certain nombre de mesures prises par le président de la Fédération et le bureau alors que normalement le Comité Directeur doit être concerté. Or aujourd'hui, nous sommes à dix mille lieues d'avoir une seule réflexion qui nous ait été amenée car le Comité Directeur ne s'est plus réuni depuis le début d'année lors d'un match du Tournoi à Paris.

Vous comprenez bien qu'on est dans des visions complètement folles. On a notre président qui a annoncé qu'il allait débloquer une certaine somme d'argent. Comment et où est-ce qu'il va être pris ? Comment va-t-il être distribué ? Derrière cela, il n'y a plus de descente mais que des montées. (...) On se retrouve avec des clubs classés cinquièmes ou sixièmes de leur poule et qui vont monter en Fédérale 1. Est-ce que c'est normal ? (...) Pour la Pro D2, c'est impensable de faire monter deux clubs (de Fédérale 1 ndlr). Déjà parce que cela fait plus de clubs professionnels à mettre en place et on sait que les structures sont toujours très difficiles. Ce n'est pas contre Pierre, Paul ou Jacques mais c'est une vérité du terrain. On ne peut pas dire d'une année sur l'autre, vous montez et l'année d'après, on en fait descendre combien ? On fait un mal terrible à notre sport."

 

 

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