Dans son édito du jour sur Sud Radio, Élisabeth Lévy évoque la façon dont l'opposition traite la montée dans les sondages d'Éric Zemmour... à commencer par Anne Hidalgo dont il lui donne la nausée, dit-elle.
"On ne change pas une tactique qui perd, s'amuse Élisabeth. Face à la tornade Zemmour, le chœur des vierges politiques entonne le même air que celui qu’il chante depuis 40 ans devant les Le Pen. L'Antifascisme d’opérette a accompagné la mue du FN de groupuscule à premier parti de France. Olivier Véran, très fier que sa génération ait chanté "la jeunesse emmerde le FN" oublie que, pendant qu’il chantait, le RN est devenu le premier parti chez les jeunes et les ouvriers.
Le terme de diabolisation est révélateur. On n’est pas dans le registre de la politique mais de la morale/religion/pureté. Zemmour c’est le mal. Castaner parle même de salissures et madame 4 %, donc, a la nausée. Jean-Marc Borello (LREM) convoque, lui, la peste brune.
Pour la gauche macronisée a mauvaise conscience d’être passé du col Mao au rotary. Le combat contre "l’extrême droite" vaut brevet de bonne conduite : j’engueule ma secrétaire mais je suis anti-Zemmour. J’aime l’autre, moi.
On a le droit d’être choqué par les idées de Zemmour, non ?
Absolument, on ne devrait pas interdire de voir le réel. Quand les fractures françaises sautent aux yeux de tous, que le choc des civilisations s’invite quotidiennement dans l’actu, ils chantent les bienfaits de la diversité, psalmodient les "valeurs de la République"... et agitent des gousses d’ail.
L’offuscation n’est pas une politique. Leur boulot n’est pas de montrer leur âme immaculée mais de comprendre pourquoi des gens voteraient Zemmour. S’il donne des mauvaises réponses, qu’ils apportent les leurs. Au lieu de quoi, ils braillent qu’il n’y a pas de question. C’est très vintage (années 90) et toujours aussi inopérant.
Pourtant ils ne sont pas idiots. Donc si ce n’est pas de la sottise, c’est du cynisme ! Macron fait peut-être le calcul qui a permis à Mitterrand de se maintenir au pouvoir en étant minoritaire. Cela suppose sur la certitude que, face au diable, le candidat raisonnable gagne forcément. Jusqu’au jour où les Français, excédés qu’on méprise leurs inquiétudes, décideront d’essayer le diable.
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