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Violences conjugales et intrafamiliales : "un effet d'annonces du gouvernement"

Violences conjugales et intrafamiliales : le gouvernement en fait-il assez pour lutter contre ce fléau ? Nathalie Rocailleux, directrice de AFL transition à Toulon, à l’initiative de la Maison Françoise Giroud à La Seyne sur Mer, et Nathalie Tomasini, avocate au barreau de Paris, spécialisée lutte contre les violences intrafamiliales, étaient les invitées du débat du jour sur Sud Radio le 3 août à 9h10.

féminicides
Manifestant tenant une pancarte "Stop féminicides" lors de la Journée internationale pour la fin des violences faites aux femmes à Paris le 23 novembre 2019. (Dominique Faget / AFP)

"Attention à ne pas faire des effets d’annonce"

Les annonces du ministre de l’Intérieur le 2 août sur les violences conjugales et intrafamiliales vont-elles dans le bon sens ? "La plupart existent depuis un certain moment, souligne Nathalie Rocailleux, directrice de AFL transition à Toulon. A l’initiative de la Maison Françoise Giroud à La Seyne sur Mer. Le fait d’arrêter de prendre des mains courantes et de transmettre directement au parquet, ce sont des mesures qui existent depuis 2019. Même avant le Grenelle sur les violences conjugales. Le fait que ce soit renforcé et exigé fait partie des mesures prises au niveau des institutions publiques."

"Ce qu’il y a de plus nouveau, c’est peut-être une meilleure coordination des services dans les commissariats et les gendarmeries, estime Nathalie Rocailleux. Des référents violence vont probablement être formés. C’est une chose qui va beaucoup apporter, car nous sommes sur le terrain confrontés à des personnes qui ne sont pas formées. Par exemple aux effets du traumatisme psychologique sur le recueil de la plainte. C’est fondamental. J’aurais aussi attendu qu’il y ait une exigence d’enquête de voisinage. Elle n’est pas systématiquement faite. Le lien avec la protection de l’enfance non plus. C’est tout cela qui va faire un cercle vertueux, sortir les femmes et les enfants de ces situations de violence. Cela touche les générations futures, les futurs auteurs. Attention à ne pas faire des effets d’annonce, des mesurettes."

"Un gouvernement de communication"

"Je suis dubitative, ces annonce sont un non événement, estime Nathalie Tomasini, avocate au barreau de Paris, spécialisée lutte contre les violences intrafamiliales. C’est presque offensant vis-à-vis des victimes. La lutte contre les violences familiales, intrafamiliales et conjugales était la cause prioritaire du quinquennat. Depuis 2017, qu’est-ce que l’on a fait ? Un officier spécialisé dans chaque commissariat ou gendarmerie, la priorité du suivi des plaintes pour violences conjugales… De qui se moque-t-on ? On en parle depuis 2017, on est en 2021."

"On a toujours parlé de référents "violences conjugales". On arrive en fin de quinquennat, et on nous parle toujours de la même chose, insiste Nathalie Tomasini. Nous ne sommes pas dupes. C’est un effet d’annonce du gouvernement, un gouvernement de communication. Ce n’est pas du neuf. j’attendais que l’on nous dise de quelle façon le ministre de l’intérieur comptait financer ces officiers spécialisés. On ne parle pas de budget supplémentaire. Par ailleurs, les vraies mesures, c’est en termes d’éducation, de prévention, de respect. Il faut des brigades spécialisées, pas des officiers, à l’instar de ce qui se fait en Espagne. En fait, il faudrait calquer toutes les mesures antiterroristes sur les violences faites aux femmes : des brigades, mais aussi des tribunaux spécialisés. Et quelle légitimité pour notre ministre de l’intérieur, placé sous le statut de témoin assisté pour viol, harcèlement et abus de confiance ?"

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