Vingt-six pays, essentiellement européens, se sont engagés jeudi à Paris à soutenir militairement l'Ukraine au sol, en mer ou dans les airs dans le cadre d'un futur cessez-le-feu, le Kremlin rejetant vendredi catégoriquement toute garantie militaire occidentale à l'Ukraine.
Le président ukrainien, Volodymyr Zelensky, a dit avoir évoqué, avec son homologue américain Donald Trump, notamment l'adoption de nouvelles sanctions contre Moscou et la protection du ciel ukrainien contre les attaques russes, au cours d'une conversation téléphonique.
Lors du sommet de la Coalition des volontaires co-dirigée par M. Macron et le Premier ministre britannique Keir Starmer, les 26 pays se sont "formellement engagés" jeudi à "déployer comme force de réassurance des troupes en Ukraine ou à être présents sur le sol, en mer ou dans les airs", a déclaré le président français Emmanuel Macron en conférence de presse.
En vertu de ces plans, dont il a refusé de donner le détail et de préciser les contributions pays par pays, "le jour où le conflit s'arrête, les garanties de sécurité se déploient", a-t-il expliqué, que ce soit via un "cessez-le-feu", un "armistice" ou un "traité de paix".
Il ne s'agit donc pas "de mener quelque guerre contre la Russie" mais de la dissuader d'attaquer à nouveau l'Ukraine à l'avenir.
- "Soutien américain", dit Macron -
Emmanuel Macron a assuré que l'Allemagne, l'Italie et la Pologne étaient des "contributeurs importants" parmi les 26. Ces trois poids lourds européens avaient émis des réserves sur un engagement, qu'ils lient notamment à un "filet de sécurité" robuste de Washington.

Le président ukrainien Volodymyr Zelensky et Donald Trump, dans le Bureau ovale de la Maison Blanche, le 18 août 2025
Anna Moneymaker - GETTY IMAGES NORTH AMERICA/AFP/Archives
La Première ministre italienne Giorgia Meloni a d'ailleurs répété à l'issue de la réunion que Rome n'enverrait pas de troupes en Ukraine.
L'Allemagne entend quant à elle plutôt participer au renforcement de la défense antiaérienne de l'Ukraine et à l'équipement de ses forces terrestres, ont dit des sources gouvernementales à l'AFP.
Mais le Kremlin a mis son veto à toutes garanties militaires occidentales à l'Ukraine vendredi matin.
"Les étrangers, en particulier les contingents militaires européens et américains, peuvent-ils fournir et garantir la sécurité de l'Ukraine? Absolument pas, ils ne le peuvent pas", a déclaré Dmitri Peskov, le porte-parole du Kremlin, à l'agence Ria Novosti, soulignant que la Russie devait aussi bénéficier de garanties pour sa sécurité.
Il a également accusé les Européens d'"entraver" le règlement du conflit en Ukraine.

Le président ukrainien Volodymyr Zelensky et le président français Emmanuel Macron, à l'Elysée, à Paris, le 3 septembre 2025
Ludovic MARIN - AFP
Le soutien ou "backstop" américain était l'enjeu d'une visioconférence avec le président Donald Trump dans la foulée du sommet, auquel a aussi en partie pris part son émissaire spécial Steve Witkoff, présent au palais de l'Elysée.
Aucune annonce n'a été faite à cet égard.
"Nous comptons sur le +backstop+ des Etats-Unis", a répété M. Zelensky pendant la même conférence de presse.
Lors d'un entretien téléphonique avec des dirigeants européens et Donald Trump après le sommet, "nous avons examiné différentes options, dont la plus importante est la pression, en recourant à des mesures fortes, notamment économiques (...). Nous avons également discuté de la protection maximale du ciel ukrainien", a-t-il plus tard écrit sur Facebook.
Emmanuel Macron a assuré que le "soutien américain" à ces "garanties de sécurité" pour Kiev serait finalisé "dans les prochains jours" et que les Américains avaient "été très clairs" sur leur participation. "Il n'y a pas de doute sur ce sujet", a-t-il martelé.
- Nouvelles sanctions ? -
La réunion a été l'occasion pour les Européens de réaffirmer leur volonté de tout faire pour pousser la Russie à négocier.

Le chancelier allemand Friedrich Merz participe à une conférence de presse à Berlin, le 3 septembre 2025
RALF HIRSCHBERGER - AFP
Keir Starmer a ainsi souligné qu'il était "nécessaire d'augmenter la pression" sur le président russe Vladimir Poutine qui "continue à repousser des négociations de paix et à mener des attaques scandaleuses sur l'Ukraine", selon un porte-parole à Londres.
A la clôture des travaux, Emmanuel Macron a aussi assuré que les Européens prendraient de nouvelles sanctions "en lien avec les Etats-Unis" si Moscou continuait de refuser la paix.
Il a évoqué un "travail conjoint" avec Washington, concernant aussi des mesures punitives contre les pays "qui soutiennent" l'économie russe ou aident la Russie à "contourner les sanctions" - "et à ce titre, la Chine a été évoquée", a-t-il ajouté sans plus de précisions.
Les Européens réclament ces sanctions américaines depuis des mois, jusqu'ici sans succès.
Donald Trump, se disant "très déçu" par son homologue russe, avait averti mercredi qu'il "se passerait quelque chose" si Moscou ne répondait pas à ses attentes de paix.
Il a indiqué jeudi soir qu'il s'entretiendrait bientôt avec Vladimir Poutine, répondant à une question de la presse.
Le président américain "est très mécontent que du pétrole russe soit acheté par l'Europe", a par ailleurs souligné jeudi Volodymyr Zelensky, citant la Slovaquie et la Hongrie.
Donald Trump avait promis, au cours d'une réunion avec six dirigeants européens le 18 août à Washington, que les Etats-Unis apporteraient des garanties de sécurité, sans préciser lesquelles.
Ce "filet de sécurité" américain pourrait prendre différentes formes - renseignement, soutien logistique, communications -, le président américain ayant exclu l'envoi par les Etats-Unis de troupes au sol.
Par Valérie LEROUX et Francesco FONTEMAGGI / Paris (AFP) / © 2025 AFP