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Téléphonie et chien pisteur: plongée dans la technicité de l'enquête Jubillar

Deux gendarmes intervenus dans les investigations de l'affaire Jubillar ont expliqué jeudi pourquoi les enquêteurs ont privilégié l'hypothèse de l'implication de Cédric Jubillar dans la disparition de son épouse Delphine et écarté d'autres pistes.

Lionel BONAVENTURE - AFP/Archives

Deux gendarmes intervenus dans les investigations de l'affaire Jubillar ont expliqué jeudi pourquoi les enquêteurs ont privilégié l'hypothèse de l'implication de Cédric Jubillar dans la disparition de son épouse Delphine et écarté d'autres pistes.

Le maître-chien spécialisé en recherche de personne, qui a tenté de pister la trace de la jeune infirmière, le matin du 16 décembre 2020, a raconté comment sa chienne Maya avait détecté l'odeur corporelle de la disparue au bas de l'escalier en parpaings du terrain du couple, pour suivre ensuite à deux reprises un chemin de promenade d'environ 25 minutes à pied.

Pour lui, aucun doute, Delphine a emprunté ce trajet au cours des 24 heures précédant l'intervention du maître-chien, soit à partir de midi la veille de sa disparition, et le fait que la femelle berger allemand n'ait pas marqué d'arrêt écarte l'hypothèse que la disparue soit montée, de son plein gré ou de force, dans un véhicule.

En outre, le fait que la trace olfactive revienne jusqu'au domicile semble également exclure que Delphine soit ressortie de sa maison.

Philippe Pressecq (au centre), avocat d'une des cousines de Delphine Jubillar, au palais de justice d'Albi, le 23 septembre 2025

Philippe Pressecq (au centre), avocat d'une des cousines de Delphine Jubillar, au palais de justice d'Albi, le 23 septembre 2025

Lionel BONAVENTURE - AFP

"Cette hypothèse qui consiste à dire +je m'en vais, abandonnant armes et bagages, enfants, papiers d'identité, moyens de paiement, etc.+, ça n'est pas retracé par les recherches canines", a estimé lors d'une suspension Laurent Boguet, un des avocats des enfants Jubillar.

- Emoji coeur -

La démonstration du spécialiste canin s'est ajoutée aux exposés des enquêteurs qui, la veille, avaient expliqué à la barre que l'hypothèse d'un départ volontaire de Delphine était à exclure.

Le gendarme Arnaud Bonnavenc, analyste criminel auprès de la section de recherches de la gendarmerie de Toulouse, avait évoqué la façon dont les enquêteurs ont utilisé bases de données et logiciels de traitement pour donner du sens à l'énorme masse d'informations dont ils disposaient.

Il a entre autres expliqué que les données téléphoniques de Delphine Jubillar montraient que son nouveau partenaire était son contact préférentiel depuis plusieurs semaines et qu'elle lui avait adressé son dernier message connu à 22H55, le 15 décembre: "Je t'embrasse" ponctué d'un émoji coeur.

Croquis d'audience montrant Cédric Jubillar et ses avocats Alexandre Martin (C) et Emmanuelle Franck à son procès à la cour d'assises du Tarn, à Albi, le 23 septembre 2025

Croquis d'audience montrant Cédric Jubillar et ses avocats Alexandre Martin (C) et Emmanuelle Franck à son procès à la cour d'assises du Tarn, à Albi, le 23 septembre 2025

Benoit PEYRUCQ - AFP/Archives

Le téléphone de l'accusé, lui, était éteint entre 22H08 et 03H53. "Peut-on dire que c'est un événement assez rare ?", lui a demandé l'avocat d'une cousine de Delphine, Me Philippe Pressecq. "On peut le dire, oui", a répondu le spécialiste, relevant que ça n'était arrivé que "deux ou trois" fois dans l'année.

Comme la veille, la défense de Cédric Jubillar s'est montrée offensive à l'encontre de l'analyste criminel, qui a répondu avec assurance et même un peu d'humour.

- Joute -

Les débats avaient été marqués mercredi par la première grande confrontation de ce procès: une joute intense de près de sept heures entre la défense de Cédric Jubillar et le chef de l'enquête de grande ampleur déclenchée après la disparition de l'infirmière.

Le major Bernard Lorvellec, chef d'enquête, a estimé que "tous les éléments recueillis" pointaient vers une implication de Cédric Jubillar dans la disparition de son épouse Delphine, à Cagnac-les-Mines (Tarn).

S'appuyant sur des photos, il s'est attardé sur plusieurs éléments matériels et a également rappelé les menaces proférées devant témoins par le mari, le récit du jeune fils du couple parlant d'une dispute entre ses parents ce soir-là ou encore le comportement du père qui "va très vite se désintéresser de la disparition de son épouse".

Alexandre Martin (g) et Emmanuelle Franck (d), avocats de l'accusé Cédric Jubillar, quittent le palais de justice d'Albi, le 22 septembre 2025

Alexandre Martin (g) et Emmanuelle Franck (d), avocats de l'accusé Cédric Jubillar, quittent le palais de justice d'Albi, le 22 septembre 2025

Lionel BONAVENTURE - AFP/Archives

Les conseils de M. Jubillar avaient répliqué en attaquant avec véhémence les conclusions du major Lorvellec. "Vous affirmez des choses qui ne sont pas exactes sur les témoins", "j'entends ce que vous dites M. l'enquêteur mais vous auriez dû investiguer": Emmanuelle Franck et Alexandre Martin ont alterné les attaques, cherchant pendant plus de trois heures à dégonfler tous les éléments considérés comme intangibles par l'accusation.

Une stratégie de "dilution" et de "diversion" dénoncée par l'un des avocats des frères et sœur de Delphine Jubillar, Laurent de Caunes.

Dans son box, Cédric Jubillar, 38 ans, qui écoute calmement les enquêteurs et experts qui défilent à la barre, n'a pas encore été interrogé sur la nuit des faits. Mercredi, il a une nouvelle fois répété qu'il n'avait "pas tué Delphine".

Le verdict est attendu le 17 octobre

Par Valentin GRAFF, Eloi ROUYER / Albi (AFP) / © 2025 AFP

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