Alors qu'il était hier en commission de finance, le député du Rassemblement National Jean-Philippe Tanguy a étonné son auditoire en faisant une proposition inattendue : rouvrir les maisons closes. Fermées depuis 1946, les maisons de passe ont une histoire bien ancienne.
Premières ouvertures au Moyen Âge
Les premiers établissements apparaissent sous le règne de Louis IX (1214-1270). Au départ, le but est avant tout d'empêcher la prostitution. Saint Louis proclame cependant la tolérance et accepte l’ouverture de maisons closes. Très vite, des lieux se spécialisent, mais la prostitution n’est toujours pas acceptée, seulement les maisons. Reconnaissables, elles sont signalées par une lanterne rouge, allumée pendant les heures d’ouverture. C’est d’ailleurs à cette époque que le terme de bordel est créé. En effet, le mot viendrait donc du Moyen Âge lorsque Saint Louis, confiant les femmes de petite vertu (surnommées les bordelières) qui étaient en ce temps-là au bord de la Seine dans des maisons appelées Bordeaux (bord d’eau).
1791 : le travail des femmes de joie dépénalisé
En 1791, alors que la Révolution française bat son plein, les mœurs françaises elles aussi sont en pleine période de changement. Poussée par l’idéologie des Lumières synonyme d’émancipation de la société et des individus, la prostitution va être dépénalisée. Avec cette décriminalisation de la vente du corps, l’activité des “petits bordels du commun”, comme on disait à cette époque, va exploser. Pour cause, toutes sortes de commerces vont pouvoir accueillir ces femmes de joie (aubergistes, restaurateurs, limonadiers). À Paris, c’est le Palais Royal qui s’impose comme le premier “marché” du sexe à ciel ouvert.
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1804 : légalisation des "maisons de tolérance"
Quelques années plus tard, en octobre 1804, durant la période napoléonienne, les “maisons de tolérance” sont légalisées mais connaissent un encadrement plus contrôlé. Les règles sont claires : les maisons closes, sont considérées comme un mal nécessaire et sont tolérées tant qu’elles respectent les règles imposées par l’État. Une police des mœurs est donc créée à cet effet afin de numéroter et régulièrement contrôler les établissements. Cette police des mœurs a aussi pour vocation de vérifier que la prostitution dans les rues ne se développe pas trop. Les maisons closes reçoivent également les services de santé chargés d’encadrer la propagation des maladies vénériennes.
IIIème République : l'apogée des bordels
Durant la IIIème République, les bordels vont connaître leur apogée. A cette même période, de nombreuses traces existent notamment dans la littérature du 19ème avec certains romans. On peut citer par exemple Guy de Maupassant avec La Maison Tellier et L’Ami Patience, ou encore le merveilleux livre de Gustave Flaubert L’Éducation sentimentale. De nombreuses scènes du livre se déroulent dans des maisons closes, qui sont également fréquentées par les personnes du roman, preuve que ces lieux n’étaient pas seulement des endroits de plaisir mais aussi des lieux de rencontre avec une importance sociale importante. Cette époque représente bien un 19ème toujours dans la continuité de la Révolution avec une libération des mœurs et des individus.
Abrogation en 1946
Mais peu de temps après la fin de la seconde guerre mondiale, en avril 1946, la loi Marthe-Richards met fin au régime des maisons closes. Afin de lutter contre le proxénétisme, la loi abolit la prostitution réglementée en France, qui datait de 1804. C’est donc depuis cette date que les maisons closes sont fermées.