Dans le lycée Jacques-Feyder, à Épinay, lycéens et enseignants sont contraints de faire cours dans un établissement encore en travaux pour rénovation. Les emplois du temps sont incohérents, les classes surchargées. Alors que Jean-Michel Blanquer prépare la loi "Éducation pour une école de la confiance", sur place, on se sent abandonné.
Sac à dos de plusieurs kilos sur les épaules, carnet de liaison à la main, Wallah est déboussolé, même plus d’un mois après la rentrée : "On ne sait toujours pas à quel emploi du temps se fier, on en a quatre. On est dans des préfabriqués et l’hiver arrive, on va être dans le froid."
Avec les travaux, les 1600 élèves du lycée sont les uns sur les autres : "On n’a même pas de cour de récréation, on ne peut même pas se retrouver avec nos amis."
Dans ces conditions, impossible d’étudier correctement, comme le confie Corinne, professeur : "On a trop de bruit, ça résonne dans les salles par manque d’insonorisation phonique. On a installé des préfabriqués les plus bons marchés, ce qui peut se comprendre quand on veut équilibrer un budget, mais ce qui ne se comprend pas en terme pédagogique."
Autre problème pointé du doigt par les lycéens, l’insécurité aux abords de l’établissement. La violence rythme les sorties de cours : "Tu es assise et on peut venir te frapper, sans savoir pourquoi. Dans ce lycée, j’ai vraiment peur. Ce sont des jeunes, de la racaille pure et dure."
Les élèves se sentent abandonnés : "On ne voit personne. À la base, il devait y avoir des militaires pour avoir assurer la sécurité, on n’a rien vu du tout."
Un sentiment partagé par les professeurs : "Il me semble que dans certains lycées, où ils ont 100 % de réussite au bac, les élèves ne sont pas dans ces conditions. Peut-être y a-t-il un lien entre les deux. Ça pose question, surtout quand on parle de l’école de la confiance."
Au lycée Feyder, élèves et professeurs interpellent le gouvernement. L’égalité des chances dans cette banlieue, on n’y croit pas.
Un reportage de Clément Bargain pour Sud Radio