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Enquête après la mort en direct d'un streamer, vedette de vidéos de sévices

La justice a ouvert une enquête après le décès en direct d'un homme, star depuis des mois de vidéos diffusées en direct le montrant se faire frapper ou humilier, des contenus dénoncés comme une "horreur absolue" par le gouvernement.

PHILIPPE HUGUEN - AFP/Archives

La justice a ouvert une enquête après le décès en direct d'un homme, star depuis des mois de vidéos diffusées en direct le montrant se faire frapper ou humilier, des contenus dénoncés comme une "horreur absolue" par le gouvernement.

Raphaël Graven, 46 ans, connu en ligne sous les pseudos Jean Pormanove ou JP, est décédé lundi à Contes, localité au nord de Nice, "lors d'un live streaming", a indiqué mardi le parquet de Nice, confirmant une information de Nice-Matin.

Clara Chappaz, ministre déléguée chargée du Numérique, a dénoncé sur le réseau X "une horreur absolue" et indiqué avoir "saisi l'Arcom et effectué un signalement sur Pharos", le service de lutte contre la violence en ligne.

JP était suivi par des centaines de milliers d'abonnés pour ses vidéos le montrant subissant violences et autres humiliations, notamment de deux partenaires connus sous les pseudos de Narutovie et Safine. Ces vidéos étaient diffusées sur différents sites, notamment Kick, plateforme australienne, grande concurrente du leader mondial du live streaming Twitch et aux règles de modération plus relâchées.

L'enquête a été ouverte pour "recherche des causes de la mort". Les investigations ont été confiées à la police judiciaire de Nice, déjà saisie depuis décembre 2024 d'une enquête sur ces vidéos, après leur mise en lumière dans un article de Mediapart.

Une vidéo diffusée en live lundi sur Kick, et largement partagée depuis, montre, selon des internautes, JP dans les moments juste avant son décès ou la découverte de celui-ci. Il est allongé inanimé sous une couette dans un lit, avec deux autres hommes, dont l'un, apparemment Narutovie, jette une petite bouteille d'eau en plastique dans sa direction.

Narutovie a d'ailleurs annoncé lundi dans un post Instagram le décès de "JP (...) mon frère, mon acolyte, mon partenaire", demandant de "ne pas partager la vidéo de son dernier souffle".

"Mon client n'a aucune responsabilité dans ce décès" et "se tient à la disposition" des enquêteurs, a indiqué à l'AFP son avocat, Yassin Sadouni. Il a annoncé dans un communiqué son intention de déposer plainte suite à une "campagne de cyberharcèlement" dont son client ferait l'objet suite à cette affaire.

- "Versements d'argent" -

L'enquête ouverte en janvier visait notamment des faits de "violences volontaires en réunion sur personnes vulnérables (...) et diffusion d'enregistrement d'images relatives à la commission d'infractions d'atteintes volontaires à l'intégrité de la personne".

Deux hommes nés en 1998 et 2002, tout comme "Narutovie" et "Safine" selon des documents d'enregistrement de sociétés à leurs véritables identités, avaient été placés en garde à vue début janvier et du matériel de tournage saisi. Mais "tant les personnes susceptibles d'être mises en cause que celles d'être victimes contestaient la commission d'infractions", avait à l'époque souligné le parquet.

Sur certaines vidéos, encore visibles sur divers réseaux, on peut voir "JP" se faire tirer dessus sans porter de protection avec des projectiles de paintball, être frappé par ses partenaires lors de séances de "gaming", ou se retrouver systématiquement dans le rôle de souffre-douleur en privé ou en public, tout en semblant consentir à ce rôle.

La ministre chargée du numérique a indiqué avoir "contacté les responsables de la plateforme pour obtenir des explications. La responsabilité des plateformes en ligne sur la diffusion de contenus illicites n’est pas une option : c'est la loi", a-t-elle souligné.

L’Arcom a indiqué à l’AFP que si Kick ne disposait pas d’un représentant légal dans l’UE, comme c’est apparemment le cas, l’autorité pourrait d’elle-même « mettre en œuvre les obligations auxquelles la plateforme est tenue » par la règlementation européenne.

"Nous sommes profondément attristés par la perte de Jean Pormanove", a indiqué par mail à l'AFP un porte-parole de Kick. "Nous examinons de toute urgence les circonstances et collaborons avec les parties prenantes concernées (...). Les règles de la communauté Kick visent à protéger les créateurs, et nous sommes déterminés à les faire respecter sur l'ensemble de notre plateforme".

Créée en 2022, Kick offre une politique de rémunération bien plus avantageuse que ses concurrents. Les "streamers" peuvent ainsi engranger de fortes sommes grâce à leurs abonnés payants et à des dons des internautes versés lors d'un direct dont ils aiment le contenu.

Sur la vidéo qui montrerait les derniers instants de Raphaël Graven, un compteur de temps indique plus de 298 heures et un compteur d'argent la somme de 36.411 euros.

Par Vincent-Xavier MORVAN, avec Daxia ROJAS à Paris / Nice (AFP) / © 2025 AFP

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