Le professeur émérite à la Pitié-Salpêtrière essaye de tirer les leçons de la crise du coronavirus dans le système de santé française. Selon lui, les crises successives, des urgences et de l'hôpital, puis cette grande crise "démontrent que c'est le système lui-même qu'il faudrait changer".
Des forces et des faiblesses
Pour le professeur Grimaldi, il existe deux façons de voir cette pandémie. "On pourrait la considérer comme un épisode exceptionnel et tout reprendre comme avant", estime-t-il, tout en préférant "la voir comme une loupe grossissante à la fois sur les forces de notre système mais surtout sur ses faiblesses". Des forces non-négligeables à mettre sur le dos surtout des soignants "qui se sont mobilisés et ont pris la main sur les gestionnaires". "Tous les moyens ont été mis à leur disposition", se félicite-t-il.
Mais parmi les faiblesses du milieu hospitalier, le professeur note avant toute chose "une absence de relation entre la ville et l'hôpital". Concrètement, André Grimaldi dénonce une absence de concertation et de dialogue entre soins primaires et les soins hospitaliers, notamment entre les médecins et les infirmiers de ville et les personnels soignants des CHU. "La médecine moderne se fait en équipe et pas tout seul dans son cabinet", estime-t-il.
Un système inadapté ?
Parmi les faiblesses de l'hôpital, le professeur Grimaldi déplore un mode de financement inadapté. "Le paiement à l'acte durant le Covid était complètement absurde", souligne-t-il. "Cette logique d'hôpital-entreprise commerciale n'a aucun sens", dénonce le professeur qui souligne que dans le même temps, l'hôpital était "dans une situation de déficience absolue". "Les moyens manquaient, il n'était pas question de gaspiller quoi que ce soit", rapporte-t-il.
"Notre système est adapté et limité pour des maladies plus bénignes, qui sont prises en charge en ville et puis des activités techniques programmées", note le professeur Grimaldi. Selon lui, le système de santé en France montre ses limite pendant les épidémies, les maladies chroniques et les urgences... Il rappelle notamment, durant l'épidémie de bronchiolite, qui se tient chaque automne, que "l'on a été débordé, faute de lits, faute de personnels". Mais surtout, il rapporte que "des dizaines de nourrissons ont été transférés à plus de 200 kilomètres de Paris en ambulance réanimatoire", faute de place.
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