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"On a vu crever des soignants, puis la grande distribution sort du chapeau 700 millions de masques?!"

Il est désormais possible d‘acheter des masques dans la grande distribution. Carrefour, Intermarché, Leclerc vont proposer à la vente des masques à usage unique. Cette soudaine vente par dizaine de millions de masques dans les supermarchés a déclenché une énorme polémique. Des professionnels de santé qui jusqu'à présent faisaient face à une pénurie pour les donner aux soignants se disent littéralement écœurés, à commencer par les pharmaciens.

Des masques arrivent de Chine à Roissy. (BERTRAND GUAY / AFP)
Reportage Sud Radio de Christine Bouillot

 

Depuis le début de la crise, les pharmaciens étaient le maillon central de distribution des masques auprès des autres professionnels de santé... Des masques distribués au compte-goutte, alors cette soudaine profusion dans les grandes surfaces agace Pierre Beguerie, pharmacien à Bidart:

"Nous on a joué la carte santé publique. On n'a pas pu la jouer à fond car on n'a pas pu répondre à la demande des patients, des malades. On a vu crever des personnels de santé parce-qu'ils n'étaient pas équipés. Les cabinets médicaux se sont arrêtés de travailler parce qu'ils n'étaient pas équipés. Et maintenant on nous dit que, tout d'un coup, on sort du chapeau 700 millions de masques?!"

(Philippe LOPEZ / AFP)

"Ils étaient où, ces masques? Dans une cave?!"

Ce week-end encore, Olivier Véran, ministre de la Santé assurait que non, il n’existait pas de stock caché. Même affirmation de la part des patrons des grandes enseignes. Alors comment ont-elles fait, là où l’Etat était défaillant et devait même réquisitionner les importations faites par des régions ? Philippe Besset, président de la Fédération des syndicats pharmaceutique et pharmacien dans l'Aude, réclame des mesures de réquisition:

"J'interpelle Olivier Véran. Le décret du 23 mars dit qu'au delà de 5 millions de masque par personne morale, le ministre de la santé peut réquisitionner. Je lui demande de le faire pour distribuer aux patients fragiles et aux soignants qui n'en ont pas encore. Il faut prioriser les masques médicaux".

Pour tenter d’éteindre la polémique, le gouvernement a déclaré que les prix de ces masques étaient plafonné à 95 centimes l’unité.

"On a fait ces masques grand public pour le grand public, mais les masques chirurgicaux sont pour les soignants ou les malades ! Ils étaient où, ces masques? Dans une cave?"

 

Le président de la région PACA veut la preuve qu'il n'y avait pas de stock secret

Des soignants et même des politiques montent au créneau, comme le président de la région Sud-PACA Renaud Muselier.

Reportage de Stéphane Burgatt

Il lance un ultimatum à la grande distribution:  Renaud Muselier donne jusqu'à mardi pour prouver qu’ils n’ont pas organisé des stocks secrets au moment où le système de soin était en pénurie:

"On est très surpris par cette histoire choquante, révoltante. Je me suis battu pour ramener 15 millions de masques pour la région, et eux en moins de 10 jours ont ces masques disponibles pour les grandes surfaces, près d'un demi-milliard. Comment ont-ils fait? Je demande simplement, pour la transparence, les bons de commande avec la date et les bons de livraison. Et là, on verra !"

Renaud Muselier, président LR de la région Sud Provence-Alpes-Côte-d'Azur. (YANN COATSALIOU / AFP)

Et si ce n’est pas fait, il menace de porter plainte pour mise en danger de la vie d’autrui.

 

Question de chronologie, répond Leclerc, qui dénonce "des scénarios de débile !"

Alors que la polémique enfle, un des principaux acteur de la grande distribution, Michel-Edouard Leclerc, prend publiquement la parole pour se défendre:

"Une polémique bien inutile, chronophage, et je dirais même un peu dégueulasse ! Il n'y a pas de stock caché. C'est des scénarios de débile, ça !  Le gouvernement a, dans la transparence totale, la liste de nos commandes. C'est simplement dans la chronologie qu'il y en avait beaucoup moins avant dans la production. Aujourd'hui c'est plus facile".

Michel-Edouard Leclerc. (Jean-Francois MONIER / AFP)

Et dans un signal apaisement, ce dernier propose de mettre à disposition ses filières d’approvisionnement. On peut noter la promesse des magasins système U de rétrocéder sans plus de précisions des masques aux pharmacies qui en feraient la demande.

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