Reportage Sud Radio de Stéphane Burgatt
Après deux mois de lutte contre le covid, Guillaume, infirmier à la réanimation de l’hôpital Saint-Joseph de Marseille est épuisé:
"Faut bien se rendre compte que tous les soignants ont donné tout ce qu'ils ont pu pendant des semaines, avec peu de jours de repos et un engagement quotidien, des journées beaucoup plus lourdes qu'à l'accoutumée. Donc on sort de cette crise avec fierté, mais fatigue aussi."
Mais nos héros en blouse blanche, à l’heure du Ségur de la santé, aimeraient maintenant être écoutés: "Il faut entendre ce qu'on a à dire, reconnaître qu'on a été des maillons essentiels. S'il y a bien une chose qui a marché dans cette crise, c'est la solidarité entre soignants. C'est nous qui avons relevé le défi, ça semble insensé de ne pas vouloir nous écouter".
Le Ségur? "Deux minutes par intervention. Mascarade, chambre d'enregistrement"
En arrière-plan, la crainte aussi que les espoirs du plan massif pour l’hôpital tant promis n’aboutissent pas:
"On nous a mis de côté, ça reste des technocrates et certains administratifs haut placés qui discutent de notre sort, avec aucun chiffre qui sort. On a bien peur qu'une nouvelle fois, ça soit quelque-chose de très politique, pour faire joli".
Aors que le Ségur doit se poursuivre jusqu’au 15 juillet, une organisation syndicale, Sud santé, a déjà quitté la table des discussions. D’autres pourraient l’imiter.
"Le Ségur de la santé nous inquiète beaucoup. Cela nous parait être une mascarade. Ce qu'ils appellent, eux, des négociations, en aucun cas il s'agit de négociation ! Les revendications des personnels ne sont jamais entendues, il y a 300 personnes qui sont prêtes à intervenir au Ségur de la santé, mais il faut voir: il y a deux minutes par intervention ! On ne peut rien aborder, donc on ne se fait aucune illusion. On se réserve le droit de pouvoir quitter la séance de cette mascarade. On perd énormément de temps. Notre place est plus à organiser la lutte aux côtés des salariés pour se faire entendre, plutôt que d'être enfermés dans des chambres d'enregistrement où on est jamais entendus et jamais compris par ce gouvernement" - Yves Castino secretaire CGT de l’hôpital de la Timone