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Meurtre d'Anaïs : les vies "anéanties" des proches de la victime

Au procès à Créteil d'un jeune homme de 23 ans accusé d'avoir tué Anaïs M., 18 ans, après un différend lié au paiement d'un acte sexuel tarifé, deux proches ont raconté jeudi le "vide", le "manque" et leurs vies "anéanties".

Damien MEYER - AFP/Archives

Au procès à Créteil d'un jeune homme de 23 ans accusé d'avoir tué Anaïs M., 18 ans, après un différend lié au paiement d'un acte sexuel tarifé, deux proches ont raconté jeudi le "vide", le "manque" et leurs vies "anéanties".

Sur des écrans de la salle de la cour d'assises du Val-de-Marne, des photos souvenirs de l'adolescente sont projetées dans un silence rompu par les mots de sa mère qui les décrit.

Carole P., 48 ans, s'est avancée par la suite vers la barre. Elle ne restera que quelques secondes.

"Je n'ai pas grand-chose à dire", déclare-t-elle à la cour, abattue. "Cette ordure a anéanti notre vie. La mienne, celle de mes enfants, de tout le monde".

Derrière elle, la grand-mère d'Anaïs, Monique P., 74 ans, est dans un fauteuil roulant.

"Ça nous a tous anéantis. Je n'ai plus de joie de vivre", témoigne-t-elle à son tour, avant de dresser à propos de sa petite-fille le portrait d'une "gamine joyeuse, gentille, aimable". Plusieurs jurés laissent couler des larmes.

Le grand-père et le frère d'Anaïs auraient dû témoigner aussi jeudi. Mais "c'était insurmontable pour eux de venir", explique à la cour Me Fabien Arakelian, avocat des parties civiles.

À quelques mètres, dans le box de l'accusé, Lilian M. reste prostré. Le jeune homme, âgé de 18 ans à l'époque des faits, reconnaît avoir tué la victime mais conteste tout caractère intentionnel.

"Comment envisagez-vous l'avenir?", lui demande la présidente de la cour, Danièle Dionisi.

"J'ai envie de sortir le plus tôt possible. Je sais que je n'ai pas loupé ma vie, mais va falloir commencer à se dépêcher parce que le temps passe vite", lui répond l'accusé, l'air désinvolte.

- "Décalage" -

"Vous ne trouvez pas qu'il y a un total décalage (...) alors qu'on est en train de parler d'une jeune femme retrouvée morte entre deux voitures?", s'offusquera plus tard Me Arakelian.

Le 10 mai 2021, au petit matin, le corps d'Anaïs M. a été retrouvé par une livreuse de journaux sur un trottoir de Pontault-Combault (Seine-et-Marne), en banlieue parisienne.

Quelques heures plus tôt, elle avait retrouvé dans la commune voisine du Plessis-Trévise (Val-de-Marne) Lilian M., qui l'avait contactée via une petite annonce par laquelle elle se prostituait.

Lorsqu'elle le retrouve au domicile de ses grands-parents, ce dernier est alcoolisé. Tous deux descendent dans un parking souterrain. Après un début d'acte sexuel finalement interrompu, le jeune homme refuse de lui payer les 100 euros qu'il lui doit, et n'en propose que la moitié.

Celle-ci proteste, il la frappe. Elle tombe par terre, il la relève en l'étranglant avec son bras droit et lui obstrue la bouche avec la main gauche.

Alors qu'il comprend qu'elle est décédée, il reste une dizaine de minutes à côté d'elle sans tenter de la ranimer, bien qu'il soit titulaire d'un brevet de secourisme.

"J'ai pensé à appeler les secours et je me suis dit que j'allais finir mes jours en prison. J'ai eu peur", a expliqué jeudi l'accusé, vêtu d'une chemise blanche sous un pull beige, les cheveux châtain relevés en chignon et rasés sur les côtés.

Vers 20H00, alors que les débats s'empêtraient, et que le jeune homme ne cachait plus son agacement après un échange redondant avec la présidente, Lilian M. lâche: "C'est pas grave, il est tard".

La présidente de la cour a immédiatement suspendu l'audience.

Pour l'expert psychiatre, entendu mercredi en visioconférence, Lilian M. ne souffre pas de pathologie psychiatrique, mais présente un "handicap émotionnel" et une "agressivité paroxystique".

Le verdict est attendu vendredi. L'accusé encourt jusqu'à 30 ans de réclusion criminelle.

Par Romane ROSSET / Créteil (AFP) / © 2025 AFP

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