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Manifestations contre le Pass sanitaire : "Nous sommes dans l'ère des soulèvements"

Avec ces manifestations anti-Pass sanitaire, un mouvement comme les Gilets Jaunes peut-il réapparaître ? Michel Maffesoli, professeur émérite de sociologie à la Sorbonne, et Bruno Cautrès, chercheur au Cevipof, le Centre de recherches politiques de Sciences Po, étaient les invités du “débat” le 19 juillet sur Sud Radio, à retrouver du lundi au vendredi à 9h10.

"Il y a une lassitude fondamentale"

Est-ce que l’on assiste, après toutes ces manifestations un peu partout en France, au retour d’un mouvement de protestations aussi fort que celui des Gilets Jaunes ? "Pour moi, les Gilets Jaunes, à l’époque, en représentaient les prémices, estime Michel Maffesoli, professeur émérite de sociologie à la Sorbonne. Je ne sais pas si cela va se reproduire à l’identique, mais on est dans une période, que j’appellerais l’ère des soulèvements, avec un tel déphasage entre le peuple et les élites, ceux qui ont le pouvoir de dire et de faire. Il y a une vraie méfiance vis-à-vis de ces élites, experts, politiques, journalistes."

"N’importe quoi peut être l’indice d’un soulèvement, estime l’auteur du livre L’ère des soulèvements (Éditions du Cerf). Ce n’est plus une forme de parti, de syndicat. C’est peut-être même la démocratie qui n’a plus de sens, ou la grande idée de la République une et indivisible. Nous sommes en train de quitter la modernité et d’entrer dans ce que, faute de mieux, on appelle une post modernité. On va voir dans cette période intermédiaire des soulèvements, des révoltes. Quelque chose fait qu’il y a une lassitude fondamentale."

 

 

"Une situation de profond malaise démocratique"

"Assister à un mouvement aussi fort que celui des Gilets Jaunes, je ne crois pas, pour deux raisons, décrypte pour sa part Bruno Cautrès, chercheur au Cevipof, le Centre de recherches politiques de Sciences Po. La première est que l’ouragan de soulèvement populaire que nous avons vu à l’automne 2018 est passé. Une partie des troupes se sont un peu lassées. Mais c’est surtout une question de calendrier : on est à près d’un an d’une élection présidentielle, et cela va avoir pour effet de canaliser l’expression du mécontentement. La crise des Gilets Jaunes, on n’en est jamais complètement sortis. Nous sommes dans une situation de profond malaise démocratique. Le rapport à la sphère publique, pas seulement aux acteurs de la vie politique, est extrêmement dégradé en France. On ne voit pas très bien les partis, les syndicats, arrivant à canaliser."

"Une partie du mécontentement qui existe toujours est essentiellement contre Emmanuel Macron, qui en est quand même la cible, estime-t-il. Il va trouver matière à s’exprimer dans les urnes. Il aura aussi de l’abstention. Mais, même une fois passée l’élection présidentielle, il y aura encore ce sentiment de perte de sens, d’un écart très important entre ce qui est la représentation oolithique et les préoccupations, les craintes, les malaises des citoyens. On est dans une crise très structurelle, qui trouve à se réexprimer dans une partie de l’opposition à la vaccination."

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