single.php

Les violences gratuites augmentent, le monde s’ensauvage

Le Figaro publiait hier matin des chiffres du ministère de l’Intérieur montrant que les violences gratuites augmentent de façon inquiétante en France.

Thumbnail

On parle ici des violences non crapuleuses, c’est-à-dire celles qui n’ont pas pour but un vol. C’est le contrôleur SNCF agressé par des gens qui n’ont pas leur billet, c’est le médecin des urgences frappé parce qu’on ne supporte pas d’attendre, c’est ce jeune homme roué de coup par deux hommes qui l’attendaient en bas de chez lui pour se venger du coup de klaxon qu’il avait lancé à cause d’une priorité refusée. L’un des deux hommes est formateur en arts martiaux et surveillant de collège. Ces cas de figure, nous les connaissons tous. Et nous baissons tous les yeux quand quelqu’un commet une incivilité, met ses pieds sur la banquette dans le train, double une file d’attente, parce que nous avons peur. Nous avons intégré qu’on ne sait jamais sur qui on tombe, et que la loi du plus fort règne.

La société moins violente que dans les siècles passés ? C’est ce que nous servent les sociologues pour contester cet ensauvagement que tout le monde perçoit. Et de fait, les homicides sont en baisse ! Mais la perception de la violence ne se fait pas sur les homicides, qui sont marginaux. Elle se construit sur ces situations de la vie quotidienne où celui qui respecte les règles est menacé par quelques caïds. Or, ce type de violences, les violences gratuites, sont en augmentation. Et ce sont elles qui détruisent le lien social en décrédibilisant le principe selon lequel l’État a le monopole de la violence légitime et protège les citoyens pour qu’ils n’aient pas à se faire justice eux-mêmes. Mais le pire, c’est d’entendre les mêmes sociologues, ou le directeur de l’Observatoire national de la délinquance, expliquer que cette augmentation serait due à «un monde plus anxiogène, une pression sociale et professionnelle». Pour un peu, les caïds seraient des victimes.

Nous vivons la conjonction d’un système économique qui utilise en permanence la pulsion des individus pour les faire consommer et un effondrement des systèmes moraux au nom de l’individu sacralisé. Tout, tout de suite, je le vaux bien, c’est l’hymne de l’époque. Il faut se souvenir de cette phrase de Camus, dans Le premier homme : "un homme, ça s’empêche". Il y a des limites que nous nous imposons parce que l’éducation nous l’apprend. Une société libérale où l’individu prévaut sur la collectivité n’apprend pas à s’empêcher. Et nous construisons notre enfer.

L'info en continu
18H
17H
16H
14H
13H
12H
11H
10H
09H
Revenir
au direct

À Suivre
/