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Les Français seraient-ils en train de devenir optimistes ?

Selon un récent baromètre, 6 personnes sur 10 se déclarent optimistes dans le pays. Les Français seraient donc devenus positifs ? Rien n'est moins sûr.

On a tellement attendu les lendemains qui chantent. Les Français seraient-ils de plus en plus optimistes pour eux-mêmes ? Selon une enquête d'opinion, ils seraient 59% à l'être, contre 44% en 2011. En octobre, une autre enquête, réalisée par un institut différent, ne comptait que 29% d'optimistes pour l'avenir du pays. Optimistes pour eux-mêmes donc, mais pessimistes pour le pays.

Être optimiste, c'est selon la question que l'on pose. Si l'on en croit tous les sondages depuis des années, c'est toujours la même chose : optimisme individuel et pessimisme collectif. Quand on y réfléchit, c'est assez paradoxal car comment le pessimisme collectif pourrait-il ne pas être la somme des pessimismes individuels ? Peut-être parce qu'énormément de Français seraient convaincus dans la panade collective qu'ils vont tirer leur épingle du jeu. On en rencontre bien quelques-uns comme ça dans la vie de tous les jours mais ils ne sont pas beaucoup, dans leur tête, à opposer le collectif à l'individuel. Il y a bien sûr ceux qui connaissent le succès, la réussite. Il y en a et heureusement. Mais s'ils étaient 59 % de la population, le collectif se porterait bien aussi. On sentirait partout que l'on a un bourgeonnement printanier, un élan, un enthousiasme mais ce n'est pas tout à fait le cas. À part ça, il y a ceux que la vie a mis à l'abri du besoin, il y  aussi les profiteurs, les petits et gros malins, ou à l'inverse les imbéciles heureux. Une société en pleine renaissance, où la plupart des gens croit que demain sera meilleur qu'aujourd'hui et après-demain encore meilleur et que tout est possible ? Qui voit cette société, qui la sent ? On sent plutôt un malaise, une crainte de l'avenir, une demande de protection.

Autre enquête, autre question, autre réponse. Questionnés sur leurs craintes pour l'avenir, 45% des sondés craignent que leurs enfants ne soient pas heureux, 38 % craignent le chômage, 34 % le manque d'argent. Dans une autre enquête, ce sont cette fois 73 % des Français qui déclarent avoir peur que leurs enfants se fassent enlever  et 83 % craignent que leur progéniture se fasse agresser sans motifs... En mars dernier, 66% des Français avaient peur de l'avenir dont 75 % des jeunes de 18 à 24 ans. À quels chiffres se fier ? Ce ne sont que des sondages, on n'a pas allongé tous les Français sur un divan pour sonder les reins et les cœurs. Les chiffres des sondages ne sont pas des statistiques

Qu'est-ce que l'optimisme dans le fond ? C'est peindre l'avenir en rose, soit parce que l'on est ainsi fait car l'on ne s'inquiète jamais de rien, soit pour se rassurer parce que l'on s'inquiète de tout. L'optimisme se fabrique en tant que besoin, il ne dit rien sur les sentiments réels d'une personne. Il peut être aussi bien un courage qu'une fuite et il est plus souvent le second que le premier. Nous vivons dans une société où l'optimisme est devenu une obligation. Ne pas être optimiste, c'est être idiot, réactionnaire ou peureux mais cet optimisme est une facilité qui cache souvent bien des faiblesses et bien des lâchetés. La vertu, ce n'est pas l'optimisme, la vertu c'est l'espérance ! Mais l'espérance ne va pas de soi. L'espérance, dit Bernanos, est une vertu héroïque et il y a des temps, peut-être comme le nôtre, où elle est plus héroïque.

>> L'intégralité de la chronique est disponible en podcast

 

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