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Le travail au quotidien : apporter de "l’humanité en réanimation"

Sabine Sportouch, psychologue-clinicienne en service de médecine intensive-réanimation de l’hôpital Bicêtre (Val-de-Marne), était l’invitée de Patrick Roger le 21 Avril dans l’émission "C’est à la une" sur Sud Radio, à retrouver du lundi au vendredi à 8h10.

Sabine Sportouch est présente au moment du réveil des patients, en réanimation. Comment se passe ce premier contact, ce retour à la vie ?

 

Dire aux patients qu’ils sont bien vivants

"Nous avons des patients qui sortent parfois de trois semaines de réanimation. C’est beaucoup, explique la psychologue-clinicienne en service de médecine intensive-réanimation de l’hôpital Bicêtre (Val-de-Marne). On imagine le degré de fatigue, d’épuisement du corps, avec la quantité de sédatifs qui leur a été octroyée pour bien les traiter. Je m’habille pour bien me protéger, comme tous les soignants. Ils ne sont pas toujours en mesure de parler, parfois pas en mesure de répondre à des ordres simples. Je leur raconte ce qui s’est passé pour eux, pour essayer de réassurer quelque chose d’aussi simple que « vous êtes bien vivant.» "

À ce jour, beaucoup de patients se sont-ils réveillés ? "Pour l’instant, pas autant que durant les périodes hors Covid, constate avec tristesse Sabine Sportouch. D’ordinaire, 80% des patients ressortent de réanimation. Là, nous avons pu avoir 40% de décès contre 18% d’ordinaire." "Nous n’avons pas toujours beaucoup de temps lorsqu’ils se réveillent, regrette-t-elle par ailleurs. On doit vite libérer les lits, ils partent en rééducation. On ne peut pas faire tout l’accompagnement du réveil."

 

Les visites des familles autorisées

Les patients se rappellent-ils de quoi que ce soit ? "C’est très variable, ceux que je rencontrais se réveillaient à peine. Il y a une anxiété, des sensations à nouveau ressenties au niveau du corps, parfois impossibles à comprendre. Cela procure beaucoup d’angoisse. On essaie de leur parler, d'accompagner cette réanimation de la vie physique, en sommeil durant le coma, à accompagner au moment où elle réémerge." Dans cet établissement, les visites sont été maintenues. "C’était un choix de la direction du service de le permettre, et pas seulement aux moment de la fin. On le propose aux familles de manière très protocolaire, sur rendez-vous, deux personnes seulement, de façon à ce que les gens ne se croisent pas en salle d’attentes. Puis on les habille de manière à les protéger de toute contagion : charlotte, blouse, gants, lunettes…"

Quel est l’état d’esprit de ses collègues engagés depuis plus d’un mois et demi contre la pandémie ? "Il y a beaucoup de fatigue, voire de l’épuisement, parfois un sentiment d’impuissance face à une maladie inconnue. Ils ne reconnaissent pas leur service, avec beaucoup d’incertitudes face à l’avenir, s’ils vont pouvoir se reposer, s’il n’y aura pas de deuxième vague d’épidémie. On ressent quand même un début de soulagement, avec l’arrivée de nouveaux de patients non Covid que l’on peut traiter."

 

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