Le gouvernement appelle les Français à consommer plus
Faites-vous plaisir ! Déclaration d’Alain Griset, ministre des PME sur BFM business. Les Français doivent participer à la relance de l’économie. En clair, claquer leur argent au lieu de l’entasser dans leur bas de laine en prévision de jours difficiles. D’après le ministre, nous avons épargné 80 milliards d’euros depuis le début de l’année, et il voudrait bien qu’on consomme et qu’on consomme français. Par exemple, pour améliorer notre habitat. Acheter du papier peint ça fait rêver.
Ce n’est pas scandaleux de demander un effort aux Français.
Non. C’est le degré zéro de la politique. Compter sur nos bons sentiments. Des usines ferment, des entreprises licencient à tour de bras, pas toujours parce que leur survie est en jeu, parce que dans le grand monopoly du capitalisme mondial elles produiront moins cher ailleurs. Et nos gouvernants s’indignent. Dénoncent la brutalité. Hurlent à la trahison. Xavier Bertrand menace Bridgeston d’années de procédures. Il y a deux semaines, Bruno Lemaire implorait les patrons français de ne pas employer de travailleurs détachés. Implorait. Ce verbe dans la bouche d’un ministre est le symbole consternant de l’impuissance publique. Nos gouvernants ont perdu toute capacité d’action sur le réel. Et ils l’ont fait avec enthousiasme.
Que voulez-vous dire ?
Ils nous ont chanté la mondialisation heureuse et l’idéal européen. Et maintenant à la place des frontières qu’ils ont détruites, ils comptent sur notre patriotisme économique Au nom de leurs fariboles idéologiques, ils ont renoncé à aider nos entreprises ou à protéger notre agriculture. Pendant ce temps, les Américains et les Chinois tordent le bras aux industriels du monde entier pour qu’ils produisent chez eux.
Mais que faire, (comme disait Lénine) ?
Les entreprises, comme les Etat, sont des monstres froids. Ne font pas de sentiment. Si on veut qu’elles restent en France, il faut que ce soit leur intérêt. Il faut dire à Bridgestone : tu te barres, tu vends plus un pneu chez moi, et à Bruxelles qu’on va faire comme tout le monde : contourner les règles et montrer les dents. Mais nous sommes gouvernés par des bisounours dans un monde de brutes. En attendant qu’ils se réveillent, je vais faire mon devoir citoyen : du shopping.