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Le regard libre d’Élisabeth Lévy - Des vêtements Lidl s'arrachent à prix d'or : beau mépris de classe !

La nouvelle mode semble dénigrer le bon goût des "pauvres", avec ces baskets et T-shirts fabriqués en Chine, vendus par Lidl pour trois francs six sous et revendus en ligne à plus de cinquante fois le prix d'origine. Après Galliano et sa collection "clochard, après Vuittion et son sac "Tati", le monde d'après se fait le parangon du mépris de classe. Voilà pourquoi.

Tous les matins à 8h15, le regard libre d'Elisabeth Lévy dans le Grand Matin Sud Radio.

 

Sur Ebay, on s’arrache des chaussures de la marque Lidl !

La chaîne discount a commercialisé le 1er juillet sur son site internet belge, des accessoires frappés de son logo rouge, jaune et bleu. Claquettes à 3,99 euros, chaussettes à 99 centimes et le clou : des chaussures de sport à 12,99 euros. Autrement dit, des saletés fabriquées en Chine.

Très vite, le stock est épuisé. Et les tennis - sneakers, dit-on - s’arrachent sur Ebay : hier, certaines auraient atteint 755 euros soit 58 fois leur prix d'origine. Question rentabilité, c’est imbattable. Cela montre au passage que la valeur d’un bien n’est pas une donnée objective. Si personne ne veut voyager, un avion ne vaut rien. 

C’est un coup marketing ? 

Selon Lidl, l’engouement spontané serait parti d’un simple tweet. L’offre et la demande. Ont-ils aidé le marché ? Je l’ignore. Ce que dit le marché,c’est que d’avoir des chaussures de pauvres fait de vous un être cool, branché. 

Et ce n’est pas la première fois qu’on s’arrache des produits Lidl. Ils proposent des biens aujourd’hui inaccessibles à la plupart des bourses. Je pense notamment aux robots, au Playstation, vendus au quart de leur prix. Ça ne coûte rien - ou à prix dérisoires - et ça fait de la pub gratuite. 

La mode fonctionne sur ce principe, du haut vers le bas. Les femmes du peuple veulent ressembler aux dames de la bonne société et maintenant aux peoples. Le sac de “machine”, la coiffure de “truc”. 

Avec les chaussures à 12 euros, c’est le contraire ? 

Déjà avec le jean, le processus s’est inversé pour la première fois. Un vêtement d’ouvrier est devenu universel. 

Maintenant, les symboles de pauvreté deviennent des codes du luxe. Souvenez-vous de la collection clochard de Galliano, du “sac Tati” de Vuitton.  

Dans la pub, on appelle ça se réapproprier les codes de la rue. Citation certes ironique, et même révélatrice d’une contestation du capitalisme. 

Et moi, comment j’appelle ça ?. 

Du “mépris de classe”. Du “foutage de gueule”. Arborer des Lidl à 700 balles, c’est dire à des gens qui achètent des chaussures moches à leurs enfants parce qu’ils ne peuvent pas faire autrement, “c’est tellement cool d’être pauvre”. Écoutez donc le baratin écoeurant d’un communicant. “C’est une réaction à trop de luxe. Au bout d’un moment, on a un peu fait le tour de ces matières précieuses.” Il y a des gens qui donnent envie de prendre la Bastille. 

En attendant, il faudrait leur dire qu’on peut être pauvre et aimer les belles choses.

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