Nicolas Bedos quitte donc les réseaux sociaux.
Le comédien et cinéaste avait fait scandale en septembre par son insouciance sanitaire : « Arrêtez tout. Les masques. Les confinements... Nous devons vivre, quitte à en mourir. » Le lendemain, il nuançait en rappelant « que nous sommes encore libres de penser différemment, de débattre, de nous indigner et même de nous tromper. » Douce illusion. Penser différemment est difficile en soi. Mais sur les réseaux sociaux, c’est impossible : ni nuance, ni impertinence. Il quitte donc Twitter et Instagram.
Comment explique-t-il sa décision ?
Il a pris conscience des « limites de l'expression directe et de la perversion médiatique qu'elle provoque ». Et conclut : « j’ai goûté cette violence et je l’ai détestée. »
L’humoriste François Morel a aussi annoncé qu’il arrêtait Twitter suite à l’affaire Xavier Gorce, traîné dans la boue numérique selon lui « par la cohorte des vengeurs masqués, des haineux bas du front, des rageux compulsifs. »
Avec la vogue des Hashtags “balance ton…”, Twitter est le royaume de la délation érigée en devoir citoyen. Référons-nous en à la tribune de l’avocate Julie Jacob, dans le Journal du Dimanche, sur Balance ta startup, où des salariés sont invités à balancer sans preuve ni contradictoire. Cela peut pourrir la réputation d’une entreprise comme celle de personnes condamnées à la mort sociale.
Cependant, ce réseaux ne sont que l’arme du crime.
Qui est le coupable ?
Vous et moi qui assistons en voyeurs aux mises à mort. En outre, ce Tribunal populaire n’aurait aucun pouvoir si personne n’exécutait ses sentences. Les coupables, ce sont LCI qui congédie un philosophe ou Le Monde qui désavoue un dessinateur pour cause de shitstorm. Le PCF qui suspend ses élus parce qu’ils sont accusés de viol. Tous les politiques qui lâchent leurs amis au premier bad buzz. Pas par conviction mais bien par lâcheté. Et voilà qu’ils cèdent aux meutes. Enfin, il y a les journalistes. Pour qu’une tempête tourne à l’affaire, il faut bien que des médias institutionnels la relaient.
Que peut-on faire ?
Le seul moyen de priver les réseaux sociaux de leur capacité de nuisance, serait une résistance coordonnée des médias : quoi qu’il s’y passe, on n’en parle pas. Ce n’est pas près d’arriver. Puis restent les actes de rébellion individuelle. Il y a en France 4,26 millions d’utilisateurs quotidiens de twitter. Ça fait pas mal de monde qui ne s’en servent pas ou peu. Si ça se trouve, on peut même vivre sans réseaux sociaux.