Revenons sur l’infirmière interpellée ce mardi : Farida.
La polémique montre que la question des « violences policières » et des arrestations est sujette à moult manipulations médiatiques et instrumentalisations politiques.
Les premières vidéos diffusées en fin d’après-midi, mardi, comme celle de Rémy Buisine, journaliste à Brut. Celle-ci cumule 2,4 millions de vues. Elle montre une innocente infirmière, asthmatique de surcroît, traînée par les cheveux par des brutes armées. Les soignants tiennent leur martyre. Elle crie « je veux ma ventoline » et on la frappe : ce récit canonique fait la tournée des popotes médiatiques. Immédiatement, les Insoumis hurlent à l’État policier. Mathilde Panot, Daniele Obono et Eric Coquerel se précipitent au Commissariat du 7ème arrondissement de Paris où est détenue la “prisonnière politique”. Ils en profitent pour lui parler quelques minutes. L’État policier ne se serait pas si bien tenu.
Puis, une vidéo de la scène entière rétablit la vérité...
Dans les minutes précédant l’arrestation, nous avons accès au fameux “contexte”, filmé par BFM. Les images prennent un tout autre sens. Elle les insulte, doigts d’honneur et leur envoie à la tête ce qui ressemble à un pavé (mais il paraîtrait que ce sont des cailloux). La victime est en réalité l’agresseur.
Le syndicat des commissaires de police ne se prive pas de diffuser cette vidéo illico. Ils vont peut-être mener la guerre de la com. Parce que, si les images parlent, peuvent dire n’importe quoi.
L’infirmière est libérée. L’incident est clos ?
Finalement, Farida est sortie de garde à vue hier après-midi. Et comparaîtra le 25 septembre pour “outrages, rébellion et violences sur personne dépositaire de l’autorité publique”. Elle dit qu’elle a craqué. Soites, elle a travaillé 50 heures par jour, elle a contracté le Covid. C’est ce qu’on appelle “circonstances atténuantes”. Et les policiers n’ont pas fait dans la dentelle donc la justice sera clémente.
Pour beaucoup de gens, Farida reste une héroïne. Elle était en colère, a sussuré le mot magique, les institutions et la loi doivent s’incliner. Seulement, tout le monde a de bonnes raisons d’être en colère, y compris les policiers - et même les Parisiens livrés à la dinguerie anti-voiture de madame Hidalgo. Le rôle de la politique est de civiliser ces colères, de les transformer en projets. Pour une certaine gauche, pour les foules manifestantes qui dénoncent les criminels au pouvoir, les sentimentalisme et romantisme révolutionnaires à deux sous tiennent lieu de pensée politique. Le ressenti des individus prévaut sur les besoins de la collectivité. Castaner avait raison : nous vivons déjà sous le règne de l’émotion. C’est-à-dire de l’arbitraire.