Pour écrire La fête est finie ?, "le déclic c’est tout ce qu’on entendait durant la crise sanitaire", explique Jérémie Peltier. "Durant le début de la crise sanitaire, on parlait du monde d’après qui serait fait de beaucoup de générosité, beaucoup de très belles choses, un monde d’après qui serait beaucoup plus beau que le monde qu’on connaissait avant. Beaucoup d’analystes, très tôt, nous indiquent qu' il y aurait une espèce de grande fête généralisée", explique-t-il. "Une grande fête de génération telle que ce que l'on pouvait connaître au lendemain de conflits guerriers".
"Évidemment je ne croyais pas à cela", explique Jérémie Peltier. "Cela m’a amusé de travailler sur un sujet qui d’ailleurs dit beaucoup de notre rapport au collectif. C’est en cela que je trouvais que le sujet de la fête était un sujet intéressant. Ce qui était frappant au tout début de la crise c’est que la fête était l’un des aspects, l’un des domaines qui a été fermé le plus rapidement. Très peu de gens se sont émus de cela. Je trouvais intéressant de travailler sur ce sujet parce qu’il en disait beaucoup sur notre rapport au bonheur collectif".
Jérémie Peltier : la fête "nous sert de soupape de décompression dans nos vies quotidiennes"
"J’aime bien dire ou entendre la fête comme un moment séparé du reste". Pour l’auteur de La fête est finie ?, il s’agit "d’un moment séparé de nos vies ordinaires, de nos vies quotidiennes, un moment séparé de la banalité de nos vies". "C'est un moment extraordinaire, c’est un moment qui laisse les soucis de côté : les soucis de famille, les soucis de cœur, les soucis de travail, etc.".
La fête est, selon Jérémie Peltier, "un moment qui nous sert pour penser à autre chose, qui nous sert pour nous aérer, pour nous oxygéner". "C’est en cela qu’il s’agit d’un moment important car il nous sert de soupape de décompression dans nos vies quotidiennes".
"Une fête c'est rencontrer des individus et découvrir des saveurs qu'on ne connaissait pas"
"J’ai pris l’exemple de Titanic pour montrer qu’une fête avait normalement pour vertu de nous faire bifurquer de nos existences", juge Jérémie Peltier. "On entend ‘la fête’ à partir d’une dimension collective notamment parce que c’est l’un des rares moments, l’un des rares endroits où vous pouvez rencontrer des gens que vous n’êtes pas censé rencontrer dans votre vie quotidienne. Des gens plus intelligents ou des gens plus idiots que vous, des gens plus jolis ou plus moches que vous, etc.. C’est lors de la fête irlandaise, fête à laquelle Jack emmène Rose pour danser sur le pont du Titanic, c’est ce moment-là qui va cristalliser le début de leur relation et qui va les faire bifurquer dans leur existence".
"Dans Madame Bovary, ce qui est intéressant se passe lors du bal de la Vaubyessard. La fête est un moment à part, séparé du reste, où vous rencontrez des gens que vous ne rencontrez pas normalement et où vous goûtez à des choses que vous ne pouvez pas consommer habituellement". "Dans Madame Bovary, il y a des passages très jolis", juge Jérémie Peltier. "Elle se plaît à expliquer en quoi les saveurs du sucre qu’elle goûte pour la première fois dans sa bouche sont des saveurs extraordinaires. Elle explique en quoi les aliments qu’elle consomme et qu’elle découvre sont des aliments extraordinaires qu’elle ne connaissait pas avant d’arriver à cette fête-là". Il utilise ces exemples "pour montrer qu’une fête, c’est rencontrer des individus qu’on ne connaît pas ou qu’on connaît peu et découvrir des saveurs qu’on ne connaissait pas auparavant".
Cliquez ici pour écouter l’invité d’André Bercoff dans son intégralité en podcast.
Retrouvez André Bercoff et ses invités du lundi au vendredi sur Sud Radio, à partir de midi.
Toutes les fréquences de Sud Radio sont ici !