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Jean-Thomas Lesueur : "Le jacobinisme est devenu un étatisme technocrate"

Par La Rédaction

Jean-Thomas Lesueur, délégué général de l'Institut Thomas More était l’invité d’André Bercoff mercredi 8 juillet sur Sud Radio dans son rendez-vous du 12h-13h, "Bercoff dans tous ses états".

Jean-Thomas Lesueur invité d’André Bercoff dans "Bercoff dans tous ses états” sur Sud Radio.

Depuis une quarantaine d'années, la décentralisation est promise par les gouvernements successifs. Mais force est de constater que depuis, "il ne s'est pas passé grand-chose sur ce chapitre-là", regrette Jean-Thomas Lesueur. La faute à la mentalité qui bride l'action des politiques en place.

 

Du jacobinisme à l'étatisme techno

Le délégué général de l'Institut Thomas More rapporte des propos tenus par un ancien Premier ministre. "Ça fait depuis les lois Defferre (1982) que l'État conduit une décentralisation insincère", avouait-il. Des propos illustrés par "des exemples innombrables", estime Jean-Thomas Lesueur, prenant exemple de la loi Raffarin en 2002 qui confie aux régions et aux départements les personnels non-enseignants des lycées et des collèges. "On a décentralisé des centaines de milliers de postes sans donner les moyens de payer les salaires", déplore-t-il. "On n'a pas transféré l'argent, c'est devenu une charge nette pour les collectivité et ça a permis à l'État d'économiser 800 millions", explique le délégué.

 

Ce qui peut expliquer ce frein à une véritable décentralisation, c'est une certaine "mutation du jacobinisme". Plus rien à voir avec la politique terrifiante de 1793, le jacobinisme est devenu "un étatisme technocrate", observe Jean-Thomas Lesueur. "Les leviers qu'ils ont entre les mains, ce sont ceux de l'État, et ce sont eux qu'ils essayent de faire agir maladroitement, parce qu'ils sont incapables d'inventer et penser un modèle différent", déplore-t-il. "Le Président de la République et son entourage sont tellement haut-fonctionnaire dans leur tête, c'est une affaire de mentalité", analyse le délégué général.

L'échelon locale pour rebâtir la confiance politique

Depuis 1982, trois actes de décentralisation ont été menés, sans toutefois trouver le bon modèle. "Pourtant, le local est le dernier espace de confiance politique en France", souligne Jean-Thomas Lesueur. "S'il y a matière à retrouver un fil rouge et un modèle français c'est de repartir du local", estime-t-il. Selon lui, il faut désormais "reconstruire d'en bas, puisque c'est le dernier endroit où il y a du vrai et de la vie". Mais ce processus est empêché par "des gens qui ne veulent pas bâtir un modèle alternatif, à cause de leur mentalité", déplore-t-il.

Pourtant les élections municipales n'ont pas mobilisé les foules, avec 60% d'abstention. "Ces élections étaient assez singulières", note-t-il, mais en regardant sur la durée, "les Français ont une passion pour l'élection présidentielle, c'est là où l'on vote le plus, mais l'élection suivante où l'on vote le plus, ce sont les communes", souligne Jean-Thomas Lesueur, s'appuyant sur un taux de participation de 70% en 2014. Mais les municipalités ont été surpassées par de nouvelles "structures ultra techno à l'échelle locale qui contribuent à une forme de centralisme locale et d'éloignement de la décision du citoyen", regrette le délégué général de l'Institut Thomas More. "Il n'y avait pas besoin de créer une telle strate dans laquelle on met des fonctionnaires, de la fiscalité et des élus", déplore-t-il. "On a créé un nouvel échelon technocratique qui n'intéresse personne, alors qu'il fallait faire des structures légères, sans politique et sans fiscalité dedans. On a fait un choix profondément étatiste", regrette-t-il.

 

Cliquez ici pour écouter l’invité d’André Bercoff dans son intégralité en podcast.

Retrouvez André Bercoff et ses invités du lundi au vendredi sur Sud Radio, à partir de midi. Toutes les fréquences de Sud Radio sont ici !

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