Un reportage d'Alexandre de Moussac pour Sud Radio.
Qui dit Saint-Valentin dit soirée en amoureux. Les années précédentes, cette fête entrait dans les pics de livraison. Indéniablement, les plateformes de livraison à domicile crouleront sous la demande ce soir. C'est le moment qu'a choisi le Clap - le collectif de livreurs autonomes parisiens - pour lancer un appel au boycott illimité de la plateforme Deliveroo. Ce groupe proteste contre la précarisation croissante des coursiers à vélo. Un appel suivi au niveau national.
Comme ses amis Hervé, Karim ou Fayçal, Wissem est livreur Deliveroo depuis plusieurs années. Il pensait qu'il gagnerait bien sa vie, qu'il serait considéré, mais la réalité l'a vite rattrapé.
Wissem, livreur depuis plusieurs années, a beaucoup d'amertume. "On a commencé ce métier parce que c'était notre passion, et là on ne s'en sort plus. Ma rémunération a drastiquement diminué de 50%. On voit vraiment que Deliveroo est en train de profiter de notre misère".
55 heures de travail hebdomadaires payés à peine le SMIC et un manque de communication total avec la direction que ne supporte plus Fayçal. "C'est un combat, on les a vus il y a une semaine et on leur a demandé pourquoi les tarifs baissaient de telle manière. Tout ce qu'on a eu, c'est un "on ne peut pas vous répondre". Il faut savoir qu'on est indépendants mais eux sont dépendants de nous."
Alors pour Hervé, il est temps de marquer les esprits.
Hervé est confiant. "On va bloquer la cuisine centrale à Saint-Ouen, rassembler les livreurs et lorsqu'on va leur expliquer qu'on se bat pour leur rémunération, ils vont forcément se joindre à nous". Mais pour que les livreurs se fassent entendre, ils en appellent aussi au soutien des consommateurs. "On demande un soutien des consommateurs, sous forme de boycott. Donc soit ils passent par une autre plateforme que Deliveroo soit ils font comme avant, c'est-à-dire se rendre directement dans le restaurant ou le commerce de quartier."
En juillet 2019, un livreur gagnait encore 5,75 euros pour une course de cinq kilomètres. Au moins de janvier, le montant est passé à 2,85 euros, c'est moitié moins. Et ils ne savent toujours pas pourquoi. Jérôme Pimot, porte-parole du collectif, proteste contre la précarité du métier de livreur. Avec un sujet qui fâche, la rémunération.
Dans le Grand Matin Sud Radio, Jérémy Wick, représentant des livreurs à vélo de Bordeaux poussait aussi un coup de gueule.
Des livreurs appellent au boycott de #Deliveroo pour la #SaintValentin !@jeremyother33,représentant des livreurs de #velo à #Bordeaux 🚲
«Nos conditions de travail se dégradent d’année en année, nous sommes amenés à griller des feux rouges pour le profit»#GrandMatinSudRadio pic.twitter.com/RtLvbBI3G1
— Sud Radio (@SudRadio) February 14, 2020